Rallye Belgique

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Récits d'épreuves


Boucles de Spa 1986

           Même si l'année 2016 vient à peine de débuter, il faudra encore attendre plusieurs semaines avant que la saison des rallyes belges ne commence à son tour. Une attente interminable pour beaucoup d'entre vous. Comme chaque année, la saison nouvelle débutera notamment avec les fameuses Boucles, désormais à Bastogne. L'occasion de faire un bond en arrière d'exactement 30 ans pour vous narrer l'édition 1986 de ces Boucles, à l'époque où l'épreuve était toujours à Spa et ouvrait le championnat de Belgique des rallyes internationaux.

 

           Cette 29e édition des Boucles de Spa fut marquante à plus d'un titre. Tout d'abord, elle fut le théâtre des premières apparitions belges de plusieurs voitures de pointe de l'époque. Citons surtout les 2 monstres du Groupe B alignés par l'équipe Belga. Il y a tout d'abord la Ford RS200 avec laquelle Robert Droogmans s'apprête à disputer l'entièreté du championnat. Il y a ensuite la MG Metro 6R4 de Marc Duez. Cette voiture est apparue fin 1985 en championnat du monde, débutant d'emblée par un podium au RAC aux mains de Tony Pond. Avec l'Ardennais volant Marc Duez à son volant, elle s'apprête à disputer un programme mixte composé de quelques épreuves belges et de quelques épreuves mondiales.

           Mais ces nouveautés ne sont pas les seuls ingrédients à laisser présager d'une édition mythique. Il y a aussi, même si ce n'est pas chose si rare à Spa à l'époque, la neige, qui pour cette édition 1986 s'annonce abondante et risque bien d'engendrer quelques rebondissements dans la course.

 

           Le parcours se compose de 57 spéciales (c'était une autre époque...) réparties sur 2 jours (et surtout 2 nuits) de course. Au total, 13 spéciales différentes sont au menu dont les plus classiques Clémentine, Creppe, Barisart, Chevron, Ster ou Rahier, mais aussi quelques nouveautés. Parmi celles-ci, une nouvelle spéciale est gardée secrète jusqu'au départ de la course, celle de Val Vert. Il s'agit en fait d'une étape tracée autour de Paradis, près de Harzé, et composée en grande partie de terre. On note également l'apparition de la spéciale de Mont, sur les hauteurs de Malmedy, dans le fief de Marc Duez. Cette spéciale ne sera utilisée qu'une seule fois par les Boucles de Spa, mais on la reverra bien plus tard au programme du Rallye des Hautes-Fagnes. Enfin, remarquons aussi la présence d'une 14e spéciale que les pilotes n'emprunteront qu'une fois et qui sera diffusée en télévision en différé le samedi. Portant le nom de RTBF, elle consiste en un tracé court et sinueux dans les abords du circuit de Francorchamps avec aussi un jump artificiel au programme. Cette spéciale lance aussi une tradition puisque de 1987 à 2000 les Boucles s'entameront chaque année par une spéciale "show" le vendredi après-midi, leur permettant une belle couverture audiovisuelle (c'était une autre époque disions-nous...).

 

           Quant aux forces en présence, outre Droogmans et Duez, on retrouve également de nombreuses têtes d'affiche. Il y a bien sur le clan Bastos, avec Patrick Snijers et Guy Colsoul. Aucun changement de monture n'est au programme de leur côté et on les retrouve donc respectivement aux volants de la Lancia 037 et de l'Opel Manta 400 qu'ils pilotaient déjà en 1985. Deux propulsions qui risquent d'être pénalisées dans ces conditions hivernales. En Groupe A, la vedette a pour nom Yves Loubet, présent sur une Alfa Romeo GTV6 aux couleurs de Boule d'Or. Et en Groupe N, beaucoup se questionnent sur une nouvelle venue, la Ford Sierra XR4x4 dont dispose le Verviétois Jean-Claude Probst.

 

           Avant même de débuter réellement ce vendredi 7 février 1986, les Boucles de Spa perdent d'emblée l'un des grands favoris à la victoire. Robert Droogmans, qui ne dispose finalement que d'un mulet arrivé en dernière minute de l'usine Ford de Boreham après avoir détruit une voiture en essais peu de temps auparavant, perd partiellement l'usage de ses freins et de sa direction avant même le départ de la première spéciale. Le retard est trop important et la mise hors course est inévitable malgré quelques chronos parcourus pour du beurre.

           Tout profit pour Marc Duez qui dispose de la monture la plus efficace sur ce terrain, une quatre roues motrices compacte et puissante. Il colle 45 secondes à Snijers dès la première spéciale dans la Clémentine. Duez entame l'épreuve par huit meilleurs temps consécutifs, c'est une véritable démonstration. Mais très vite, la machine s'enraye. La Metro peine à terminer cette première boucle en raisons de plusieurs pépins au niveau du moteur et Duez finit par abandonner dans la boucle suivante. Patrick Snijers hérite donc de la tête de la course et termine la première nuit avec plus de deux minutes d'avance sur son dauphin, le Néerlandais John Bosch en Audi Quattro. Snijers est plutôt à l'aise malgré ses deux seules roues arrières motrices, bien aidé dans sa recherche de motricité par son moteur à l'arrière.

 

           Samedi, la seconde journée débute par un véritable coup de tonnerre. Alors qu'on la croyait fiable après sa magistrale saison 1985, la 037 aux couleurs de Bastos refuse tout service. Elle a sans doute mal supporté le froid de la nuit ardennaise et reste clouée à Spa. Ce nouveau rebondissement propulse John Bosch aux commandes de ces Boucles de Spa. Il devance les surprenantes Skoda 130 Groupe B des Tchèques Krecek et Kvaizar ainsi que la Visa 1000 Pistes du brillant Français Chantriaux. En cinquième position pointe désormais le leader du Groupe N, Jean-Claude Probst. Qui aurait misé sur ce quintet avant le départ ?

           La neige s'intensifie pour cette seconde journée et ses 31 spéciales (dont une annulée). John Bosch n'est pas aussi à l'aise que sa voiture dans ces conditions et voit lentement revenir sur lui Ladislav Krecek, tandis qu'Eric Chantriaux est rapidement contraint à l'abandon par sa mécanique. Mais dans le courant de la soirée, il apparait que le réel danger pour Bosch pourrait venir de là où on ne l'attend pas. Le jeune Verviétois Jean-Claude Probst prend de plus en plus la mesure de sa nouvelle Sierra XR4x4. Une voiture quasiment de série qui est très à l'aise sur la neige, tout comme son pilote. Probst commence à signer de plus en plus de meilleurs temps et prend conscience qu'il y a un coup à jouer. Devant, Bosch est totalement tétanisé par le froid glacial, si ce n'est pas par l'enjeu de cette lutte.

           Dans la dernière boucle, Probst signe 10 meilleurs temps sur 13, repoussant souvent Bosch à plusieurs dizaines de secondes, le Batave peinant même dans certaines spéciales à se hisser simplement dans le top 10. Seul Krecek résiste et semble encore en mesure de résister à son retour mais Probst lui colle successivement 23 secondes à Stavelot, 18 à Francorchamps et 28 à Ster, le coup de grâce. De grâce il est bien question cette nuit-là, Jean-Claude fait la course de sa vie et dribble finalement tous ses adversaires pour s'imposer in extremis avec 33 secondes d'avance sur Ladislav Krecek. Bosch a complètement craqué et se retrouve à plus de 5 minutes !

 

           Kvaizar termine quatrième avec la seconde Skoda officielle. Guy Colsoul n'est que cinquième après avoir été en délicatesse durant tout le week-end. Il devance Vermeersch, deuxième du Groupe N en Toyota Corolla, et le Suédois Stefansson, vainqueur du Groupe A sur sa Volvo 240 Turbo. Loubet n'est que dixième devancé par la petit Golf du régional Jacky Delvaux. Sur sa Nissan 240RS, Flory Roothaert n'est que quinzième. Et pour l'anecdote, notons aussi la 31e place du journaliste Paul Fraikin.

 

 

           Une Groupe N qui s'impose, ça marque toujours les esprits, surtout lorsque cela se produit dans une épreuve aussi prestigieuse que pouvaient l'être les Boucles de Spa à l'époque. Depuis lors, cet exploit de Probst n'a cessé de faire parler, bien plus que d'autres victoires plus "conventionnelles", et est souvent cité en modèle lorsque les lauriers viennent à tomber de nouveau dans l'escarcelle d'une voiture du Groupe N. Pourtant, ce récital spadois resta le principal fait d'arme de Jean-Claude Probst et sa seule grande victoire. Ce grand espoir verviétois ne reçut jamais l'opportunité de disposer d'une Sierra Cosworth Groupe A comme il l'espérait après ce résultat, et dut se résoudre à mettre de côté sa carrière prometteuse dès l'année suivante.


02/01/2016
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Rally van Looi 1988

Ce samedi 22 aout après-midi a lieu le Memorial Rally van Looi. Cette sympathique initiative permettra de commémorer les 20 ans de la dernière édition en date de cette mythique épreuve, c'était en 1995. Attention, il ne s’agit que d’une balade touristique à parcourir à une moyenne kilométrique assez faible et nullement d’un rallye de vitesse sur routes fermées. Ce sera en tout cas l’occasion pour les participants et les suiveurs de retrouver des routes et des lieux mythiques de l’épreuve. Et même de revoir Patrick Snijers sur une Toyota Celica GT4 et Valère Vandermaesen sur une Mercedes 190E en partie semblables à celles qu’ils ont pilotées dans l’épreuve campinoise à l’époque. Si vous souhaitez vous y rendre, sachez que le centre de l’épreuve sera tenu au centre culturel Het Loo à Tessenderloo. Rendez-vous sur www.rallyvanlooi.be pour plus d’informations.

 

Pour l’occasion, nous allons revenir sur une des éditions les plus mémorables du Rally van Looi, celle de 1988 qui était la première dans le cadre du Championnat de Belgique des rallyes internationaux. L’épreuve, créée dans les années 70, a rapidement gravi les échelons en devenant un classique du VAS (le championnat provincial flamand) puis en accédant au championnat national en 1985. Et après une édition 1987 particulièrement réussie, il était logique qu'elle accède à « l’Inter » l’année d’après.

 

                Le plateau de l’édition 1988, qui a lieu les 22 et 23 octobre, est d’un très haut niveau. On retrouve tous les cadors du Groupe A de l’époque, exception faite de Vandewauwer. Patrick Snijers, Robert Droogmans, Guy Colsoul, Marc Soulet, Ivan Viaene, Valère Vandermaesen et même Lars-Erik Walfridsson sont de la partie, tout comme Marc Duez sur la Golf GTi sponsorisée par Auto 5. Il en va de même en Groupe N avec les présences de Grégoire De Mévius, tout jeune papa d’un petit Ghislain, Didier Monin, Vital Budo, Omer Saelens, Dirk Vermeersch et Michel Maes.

 

                Quant au parcours, il regroupe à peu près toutes les spéciales classiques en devenir de la région. Il y a les plus proches du centre que sont Gerhagen, Rodeberg ou Oosterbergen, qui comportent un beau pourcentage de terre. Il y a des spéciales plus éloignées et plus courtes, à Westerlo et à Olen. Et il y aussi 2 spéciales dans des camps militaires, à Grobbendonk (nous en avions déjà parlé en évoquant le Kempen Rally 1979) et à Leopoldsburg. Cette dernière spéciale est entièrement interdite au public, comme quoi la vie des spectateurs n’était pas toujours si rose que ça à l’époque !

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La spéciale de Gerhagen. La première du rallye et aussi une des plus longues.

 

                Mais 1988, c’est LA saison de Patrick Snijers. L’osmose est parfaite avec la BMW M3 de chez Prodrive. Il gagne presque tout, des Boucles de Spa au Manx Rally et ses petites hyper bosselées sur lesquelles il excelle cette année-là. Seul Ypres lui échappe encore et toujours. A cette époque, Snijers entretient même des contacts avec des équipes d’usine pour se lancer en championnat du monde et son passage chez Toyota pour un programme en mondial est déjà évoqué (il ira bien chez Toyota mais n’y recevra ni le programme ni le matériel escompté).

 

                Et le Rally van Looi confirme rapidement la domination outrageuse de Snijers. Droogmans et sa Sierra RS Cosworth disparaissent des classements le premier jour, laissant au Grand Limbourgeois le soin d’aligner les scratchs. Valère Vandermaesen, sur Mercedes, occupe le deuxième rang mais l’écart se creuse rapidement. Quant à Marc Duez, dont la participation aura surtout permis aux spectateurs d’apprécier les passages généreux et les quelques écarts de trajectoire, il abandonne sans jamais s’être réellement mêlé aux premiers rôles. Il faut dire que sa « petite » Golf ne fait pas le poids face aux propulsions bien plus puissantes de ses adversaires.

                La fin de la première journée est marquée par l’abandon de Valère Vandermaesen, trahi par son moteur. Quelques semaines après avoir perdu la victoire à l’Omloop van Vlaanderen dans des circonstances similaires, le régional de l’étape est à nouveau malchanceux ici. Snijers est plus qu’inabordable et le seul suspense qui demeure pour la seconde journée réside dans le duel pour la deuxième place que se livrent désormais Guy Colsoul (Mitsubishi Starion Turbo) et Marc Soulet (Ford Sierra RS Cosworth). Un face-à-face qui tourne finalement à l’avantage du laitier de Landen pour 3 petites secondes à peine. Mais à plus de 6 minutes de Snijers tout de même ! Derrière ce trio de tête, Ivan Viaene termine 4e en Sierra RS Cosworth. Il devance le vainqueur du Groupe N, Grégoire De Mévius et sa Mazda 323. Suivent Vermeersch, Saelens et Monin dans cet ordre.

                  La 9e place est celle des vainqueurs de la classe A7, les frères Brouwers sur Opel Manta. Le top 10 est cloturé par Vital Budo sur une Renault 21 Turbo totalement inadaptée ! Et on retrouve encore quelques noms connus dans la suite du classement. Frank Broekaert et sa BMW aux couleurs "Eldi" terminent au 14e rang. Marc Timmers, présent dans le cadre du challenge AX, termine 24e. Et à la 28e place pointe le régional Ronny Hosten sur sa petite Toyota Starlet. Un pilote qui s'est rendu célèbre ces dernières années au volant d'une originale Corolla Kit-Car.

 

                 Et pour savourer entièrement ces souvenirs, voici une vidéo partagée sur youtube par Olivier Lodewijckx, l'un des instigateurs de ce Memorial. Il est peut-etre encore temps de vous y rendre. Le départ est prévu à 13h ce samedi après-midi !

 


22/08/2015
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12 Heures de Huy 1966

           Organisée au début du mois de mai, dans un calendrier fort chargé, l'édition 2015 des Douze Heures de Huy est malheureusement passée inaperçue pour la plupart d'entre nous. Pourtant, l'épreuve ne manquait pas d'intérêt cette année, avec notamment le retour de Jean-Marie Jacquemin, vainqueur de l'édition 1967 ! Une épreuve à voir, ou revoir, en 2016, à une meilleure date de préférence...

 

           Si vous ne le savez pas encore, sachez que les Douze Heures de Huy ont été, et sont toujours, un véritable monument du sport automobile belge. Même Jacky Ickx y a déjà participé (en 1964, sur une Hillman Imp). L'épreuve originelle fut organisée dans les années 50 et 60. Il s'agissait d'un rallye disputé seul à bord. Le pilote était donc livré à lui-même pour affronter les trois boucles identiques d'une grosse centaine de kilomètres. Le tout en devant respecter des moyennes horaires pas toujours faciles à tenir. Bien évidemment, le parcours était divulgué quelques jours avant l'épreuve et les participants avaient la possibilité de le reconnaitre et de le mémoriser à leur guise, mais quand-même...

           La version actuelle des Douze Heures de Huy reprend en partie ce principe. Il y a en effet une catégorie destinée aux participants qui voudraient tenter l'aventure seuls à bord. Mais la possibilité existe malgré tout de prendre part à l'épreuve de façon plus classique, avec un copilote. Et pour le reste, il n'y a pas grand chose qui a changé. Toujours trois tours d'une boucle d'un peu plus de 100 kilomètres, le plus souvent côté Condroz, et toujours avec les mêmes engins qu'à la grande époque puisque l'épreuve est désormais réservée aux voitures anciennes.

 

            Pour l'occasion, je vous propose de revenir sur une édition de ces Douze Heures dans leur mouture originale. Un bon en arrière jusqu'en 1966, une année tragique pour l'épreuve. En effet, pour leur treizième édition, les Douze Heures sont frappées par la fatalité. Dans la soirée du 2 avril, alors qu’il est lancé à l’assaut du tronçon redouté des Poudreries de Clermont, Henri Plasch, surtout connu sous le pseudonyme de Vittel, est victime d’un grave accident. Dans la descente venant d’Aux Houx, sa Triumph Spitfire sort de la route et percute un arbre. La voiture ne dispose pas d’arceau de sécurité et le pilote est durement touché dans l’embardée. Vittel est toujours en vie lorsqu’il est emmené à l’hôpital, mais il succombe à ses blessures quelques heures plus tard. A l’annonce de son décès, les organisateurs décident de mettre un terme prématuré à l’épreuve. Personne n’est déclaré vainqueur.

 

           Henri Plasch n’était âgé que de 29 ans. Il était un des grands animateurs des épreuves routières belges depuis plusieurs années, généralement copiloté par le bien surnommé Perrier. En 2010, 34 ans après sa mort, son souvenir est toujours bien présent. Un trophée portant son nom est attribué à l’occasion du Revival des Douze Heures de Huy au pilote qui réalise la meilleure performance dans ce même secteur des Poudreries. A cette occasion, Thierry Plasch, un des fils d’Henri, prend d’ailleurs part à l’épreuve sur une Triumph TR2.

 

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Thierry Plasch à l'oeuvre dans le secteur des Poudreries, lors des Douze Heures de Huy 2010.

 

           Cet accident laissera des traces profondes par la suite. L’organisation des Douze Heures de Huy est plus que jamais en sursis et l’épreuve disparaitra du calendrier quelques années plus tard. A l'époque, il devient clair que l’amélioration constante des performances doit s’accompagner d’une amélioration de la sécurité. Par la suite, les arceaux de sécurité deviendront obligatoires. Quant à la descente des Poudreries, elle sera heureusement élargie et sécurisée.


25/05/2015
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Kempen Rally 1979

               Avant de reprendre la série des épreuves oubliées là où nous l’avions laissée, voici un petit interlude qui sera consacré à une épreuve disparue mais pas totalement oubliée. Et plus particulièrement à l’édition 1979 de cette épreuve. Il s’agit du Kempen Rally (ou Rallye de Campine). Ce rallye, qui se déroulait dans la région de Turnhout, est né au début des années 1960. Il a ensuite grandi jusqu’à faire partie du championnat de Belgique à partir des années 1970. A l’époque, il s’appelait Nacht der Kempen (Nuit de la Campine). La dernière édition dans le championnat « Inter » eut lieu en 1979. Le rallye a ensuite été annulé en 1980, avant de revenir en 1981 dans le championnat National avec même une spéciale dans le parc d’attraction Bobbejaanland à l’époque ! Il disparaitra, pour de bon cette fois, un peu plus tard dans la décennie.

 

                Nous allons donc évoquer ici l’édition 1979, la dernière au « firmament » du rallye belge. Une édition mémorable par son déroulement à suspense, son envergure (trois jours de course !), et le plateau de qualité présent au départ. Citons simplement les principaux favoris : ‘Didi’, Marc Duez, Guy Colsoul, Hermès Delbar ou Jean-Louis Dumont. Et plus loin, le jeune Patrick Snijers, José Lareppe, Willy Plas, Jan Van der Marel et ‘Chavan’.

                Par contre, le parcours, bien que fort atypique, ne fait pas l’unanimité. Il y a seulement 200 kilomètres de spéciales. Le tout réparti en 46 secteurs chronométrés. Cela fait donc une moyenne inférieure à 5 kilomètres par spéciale. Il y a en effet beaucoup de spéciales très courtes et souvent artificielles. Le rallye commence d’ailleurs par une spéciale dans le village de vacances de Breebos, là où est aussi situé le centre de l’épreuve, avec un jump artificiel en béton. Il y a aussi deux spéciales dans le domaine militaire de Tielen. Une autre dans celui de Grobbendonk. Et il y a également deux passages sur le circuit de rallycross Glosso, près d’Arendonk, où les voitures s’élancent à trois de front ! Sans oublier la spéciale Avanti, tracée sur le terrain de la société de construction du même nom, à Rijkevorsel. Heureusement, d’autres spéciales sont plus naturelles et plus longues, comme celle de Retie ou celle de Kasterlee (et oui, il s’agit bien d’une spéciale reprise aujourd’hui en VAS par le rallye du même nom).

                Une autre polémique autour du parcours est le faux secret qui l’entoure. L’organisateur n’a pas divulgué le tracé et le nom des spéciales à l’avance, et il n’y a aucune reconnaissance officielle au programme. Cependant, étant donné les possibilités réduites dans la région, il n’est pas difficile de deviner quelles seront probablement les spéciales. Et certains équipages bien informés n’ont pas manqué d’aller repérer certains tracés potentiels. Ce secret de polichinelle n’aura finalement eu pour seule conséquence que de pénaliser ceux qui ne savent pas, notamment les équipages étrangers, au profit de ceux qui savent.

 

                L’épreuve s’élance donc le vendredi 2 mars du domaine de Breebos. Rapidement, c’est Guy Colsoul, copiloté par Alain Lopes, qui prend les devants. Il aligne plusieurs scratchs au volant de son Opel Kadett GT/E et termine la première étape en tête. Il devance le jeune et surprenant Marc Duez qui s’aligne sur une Ford Escort de premier plan avec le soutien de Gilbert Stapelaere et avec Ronny Joosten, le futur équipier de Droogmans, à sa droite.

                Le samedi, Colsoul confirme. D’autant plus que Marc Duez encaisse une minute de pénalité et commet ensuite plusieurs petites fautes qui l’écartent pour de bon. ‘Didi’ peine quelque peu avec la Fiat 131 Abarth, tandis que Jean-Louis Dumont et sa Vauxhall Chevette sont déjà très loin de la tête de la course. Cette deuxième journée voit par contre Hermès Delbar et Willy Lux faire une splendide remontée. Les chevaux de leur Porsche font merveille sur ce parcours rectiligne et ils terminent cette journée à la deuxième place.

                Tout va donc se jouer dimanche. Delbar s’élance le couteau entre les dents. La pression est de plus en plus lourde sur les épaules de Colsoul, le « laitier de Landen », et celui-ci part à la faute dans le camp militaire de Grobbendonk. Il perd une minute pleine, et est même dépassé en spéciale par Delbar. Ce dernier n’en demandait pas tant. Il hérite de la première place qu’il ne lâche plus. Delbar gagne, la première grande victoire en rallye d’une voiture aux couleurs du cigarettier Belga. Il garde finalement 17 secondes d’avance sur Colsoul. Didi termine troisième, tandis que Duez et Dumont complètent le top 5. Soulignons également la victoire en Groupe 1 du Luxembourgeois Alain Beauchef. Au volant de sa Ford Escort, il termine 8e au classement général après avoir signé de très beaux chronos. Il sort vainqueur de son duel face à l’Allemand Huthwelker qui a perdu beaucoup de terrain le samedi  après avoir signé un scratch absolu le vendredi soir ! Enfin, on retrouve à la 36e place, il y a de cela 36 ans, un certain Dirk Van Rompuy qui participait il y a peu au Spa Rally, toujours en Opel Kadett GT/E comme à l'époque !

 

                Après la disparition de ce Kempen Rally, les épreuves ont malgré tout continué à fleurir dans la Campine anversoise. Il y eut pendant longtemps le Rally van Looi, qui passait d’ailleurs aussi par Grobbendonk. Il y a aussi depuis quelques années le Short Rally de Kasterlee organisé par le RT Titanic en VAS. Une épreuve malheureusement de « petite taille ». Pourtant, l’intérêt des importateurs pour le retour d’une grande épreuve en province d’Anvers est réel. Peut-être y a-t-il des pistes d’élargissements pour ce rallye de Kasterlee, éventuellement vers la ville d’Anvers toute proche ? Et peut-être pouvons-nous rêver à un retour des meilleurs pilotes et des meilleures voitures sur les chemins de terre de la Campine…

 

                Et si voulez en savoir plus sur ce Kempen Rally 1979, je vous invite à vous rendre sur le blog d’Alain Beauchef. Vous y trouverez un récit détaillé et généreusement illustré de l’épreuve vue de l’intérieur !

 

                  Et ici pour des résultats plus complets

 


31/03/2015
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Rally van Haspengouw 2011

         Le 28 février prochain aura lieu le Rally van Haspengouw, à Landen. Depuis 2010, le Rally van Haspengouw occupe une place particulière dans le calendrier du championnat de Belgique des rallyes, la première place, celle de manche d'ouverture. Cela implique évidemment d'être la "première" pour tout un tas de choses. Par exemple, cette année, ce sera la première manche sur laquelle nous expérimenterons les nouvelles règles en matière d'attribution des numéros (si vous ne les avez pas encore assimilées, rassurez-vous, vous n'êtes pas seuls dans ce cas). Souvent, c'est aussi la première occasion de voir certains pilotes à l'œuvre au volant de leur nouvelle monture. Cette année, Cédric Cherain y étrennera une DS3 R5 pour la première fois, alors que Chris Van Woensel y fera sa première apparition en Lancer WRC 05. Sans oublier la première de Kris Princen, enfant du pays, au volant de la 208 R5.

 

          En 2011, le Rally van Haspengouw eut le privilège d'une première plutôt mémorable. La première d'une Citroën C4 WRC en Belgique. Et pas simplement une C4, mais deux ! La première était bien évidemment pilotée par Pieter Tsjoen, comme toujours disposant d'un matériel de premier plan. La seconde, plus surprenant, était aux mains d'Alexandre Romain. Celui qui sortait de deux bonnes saisons en Mitsubishi s'attaquait directement à un défi beaucoup plus ardu.

         5 spéciales différentes sont au programme : Neerlanden, Halle Booienhoven, Zepperen, Lincent et Walshoutem. Evidemment, Pieter Tsjoen fut directement à l'aise avec sa monture. Après 2 spéciales, il avait déjà 30 secondes d'avance sur Romain. Et ne parlons pas des autres WRC du regretté Bert De Jong (Lancer 05) et de Melissa Debackere (Impreza S12), encore plus à la traine. Quant au néerlandais Bernhard Ten Brinke, il amuse les spectateurs par son style de pilotage généreux mais doit encore apprendre à manier la Fabia S2000 qu'il découvre à Landen. Il n'aura en tout cas pas fallu attendre longtemps avant d'en avoir la confirmation : la Citroën C4 WRC est la meilleure voiture de rallye du moment. Pour la devancer, il faut un pilote capable d'un exploit. C'est le cas du local Jonas Langenakens, qui réalise le meilleur temps dans la troisième spéciale à Zepperen. Une prouesse avec une simple Groupe N. Son choix de monter des pneus neige pour cette spéciale disputée en grande partie sur terre s'est avéré payant. Mais en tête, rien n'arrête Pieter Tsjoen qui aligne les meilleurs temps et creuse inlassablement l'écart sur Romain. Dans des conditions pluvieuses, Romain peine à prendre la pleine mesure de sa machine et se fait même une frayeur monumentale à Walshoutem où il part en toupie à haute vitesse. Miraculeusement, cette pirouette se termine presque sans mal, mais elle profite à Jonas Langenakens qui s'empare de la seconde place pour ne plus la lâcher ensuite.

         Tsjoen gagne haut la main et Romain termine troisième, une entrée en matière réussie pour la C4 WRC sur le sol belge. Le reste de la saison continuera dans cette lignée. Romain s'impose au Sezoens Rally, sa seule victoire jusqu'ici, et Tsjoen gagne à Tielt, Jambes, Roulers et Saint-Vith, avant de décrocher un nouveau titre de champion.

 

         L'édition 2014 de l'Haspengouw sacrera-t-elle aussi une première ? Cherain, Van Woensel et Princen aimeraient certainement que ce soit le cas, mais avant cela, ils devront vaincre l'ogre Freddy Loix et son habituelle Skoda Fabia S2000.

 

Ici, un lien vers des résultats très complets de l'Haspengouw 2011

 

La vidéo de la sortie d'Alexandre Romain à Walshoutem

 

Le site officiel du rallye, avec toutes les informations sur l'édition 2015

 

 


14/02/2015
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Rallye du Condroz 1976

Il a récemment fêté ses 40 ans d’existence. Le Rallye du Condroz est donc plus jeune que d’autres épreuves comme les Boucles de Spa (ou de Bastogne…), l’Omloop van Vlaanderen, ou encore le Rallye des Ardennes. Et pourtant, on a parfois l’impression qu’il a toujours fait partie du paysage rallystique belge. C’est que le Rallye du Condroz, né en 1974, a connu une très rapide ascension dès les années 70.

En 1976, pour sa troisième édition, l’épreuve figure déjà au calendrier national (mais pas encore international) et accueille plusieurs pointures de nos rallyes à l’époque. Parmi celles-ci, il y a Jean-Marie Cols, le père de Larry, alias Didi, qui dispose d’une superbe Fiat 131 Abarth officielle. Il est le grand favori, au même titre que Flory Roothaert sur son Opel Kadett aux couleurs de BP. Heureusement pour eux, ils échappent à la présence de Gilbert Stapelaere, omniprésent et presqu’imbattable à cette époque.

Au niveau du parcours aussi, l’épreuve passe à une étape supérieure. Les étapes spéciales constituent désormais le plat principal. L'épreuve s'étale déjà sur 2 jours. Le samedi, 3 boucles sont tracées autour de Tohogne. Les deux précédentes éditions, en grande partie disputées en parcours secret et sur route ouverte, s'étaient déjà largement aventurées dans cette zone. Tout comme le Circuit des Trois Provinces quelques années auparavant. Une spéciale, très rapide, est disputée à Tohogne et est à parcourir deux fois sur la journée. Malheureusement cette journée du 13 novembre portera malheur. Lors du premier passage, pluvieux, dans cette spéciale de Tohogne, la Toyota des frères Lecomte, deux jeunes Hutois, sort de la route dans un arbre. Philippe, le pilote, décédera à l’hôpital. Au classement, c'est déjà Didi qui prend les devants après avoir du laisser le premier scratch à Roothaert.

La seconde journée se déroule cette fois dans les environs directs de Huy. 4 spéciales sont à parcourir 4 fois sur la journée. Il s'agit de Ben-Ahin, Marchin, Strée et Ombret. Des noms qui sont depuis devenus synonymes de légende et que tous les fanas de rallye arpentent encore chaque année au début du mois de novembre. Certains endroits deviennent déjà des hauts lieux, comme la fameuse bosse du bois d'Ombret, qui sera abandonnée dans les années 80. Au niveau du classement, cela n'évolue pas pour les places du podium. En tête samedi soir, Didi creuse lentement son avance et s'impose finalement devant Roothaert et Chavan (encore un pseudonyme) qui gagne le groupe 3 sur Porsche.

Cette troisième édition fut un succès et contribua à la renommée de plus en plus grande du Rallye du Condroz.

 

Pour un classement plus complet...

 


10/02/2015
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