Rallye Belgique

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Boucles de Spa 1986

           Même si l'année 2016 vient à peine de débuter, il faudra encore attendre plusieurs semaines avant que la saison des rallyes belges ne commence à son tour. Une attente interminable pour beaucoup d'entre vous. Comme chaque année, la saison nouvelle débutera notamment avec les fameuses Boucles, désormais à Bastogne. L'occasion de faire un bond en arrière d'exactement 30 ans pour vous narrer l'édition 1986 de ces Boucles, à l'époque où l'épreuve était toujours à Spa et ouvrait le championnat de Belgique des rallyes internationaux.

 

           Cette 29e édition des Boucles de Spa fut marquante à plus d'un titre. Tout d'abord, elle fut le théâtre des premières apparitions belges de plusieurs voitures de pointe de l'époque. Citons surtout les 2 monstres du Groupe B alignés par l'équipe Belga. Il y a tout d'abord la Ford RS200 avec laquelle Robert Droogmans s'apprête à disputer l'entièreté du championnat. Il y a ensuite la MG Metro 6R4 de Marc Duez. Cette voiture est apparue fin 1985 en championnat du monde, débutant d'emblée par un podium au RAC aux mains de Tony Pond. Avec l'Ardennais volant Marc Duez à son volant, elle s'apprête à disputer un programme mixte composé de quelques épreuves belges et de quelques épreuves mondiales.

           Mais ces nouveautés ne sont pas les seuls ingrédients à laisser présager d'une édition mythique. Il y a aussi, même si ce n'est pas chose si rare à Spa à l'époque, la neige, qui pour cette édition 1986 s'annonce abondante et risque bien d'engendrer quelques rebondissements dans la course.

 

           Le parcours se compose de 57 spéciales (c'était une autre époque...) réparties sur 2 jours (et surtout 2 nuits) de course. Au total, 13 spéciales différentes sont au menu dont les plus classiques Clémentine, Creppe, Barisart, Chevron, Ster ou Rahier, mais aussi quelques nouveautés. Parmi celles-ci, une nouvelle spéciale est gardée secrète jusqu'au départ de la course, celle de Val Vert. Il s'agit en fait d'une étape tracée autour de Paradis, près de Harzé, et composée en grande partie de terre. On note également l'apparition de la spéciale de Mont, sur les hauteurs de Malmedy, dans le fief de Marc Duez. Cette spéciale ne sera utilisée qu'une seule fois par les Boucles de Spa, mais on la reverra bien plus tard au programme du Rallye des Hautes-Fagnes. Enfin, remarquons aussi la présence d'une 14e spéciale que les pilotes n'emprunteront qu'une fois et qui sera diffusée en télévision en différé le samedi. Portant le nom de RTBF, elle consiste en un tracé court et sinueux dans les abords du circuit de Francorchamps avec aussi un jump artificiel au programme. Cette spéciale lance aussi une tradition puisque de 1987 à 2000 les Boucles s'entameront chaque année par une spéciale "show" le vendredi après-midi, leur permettant une belle couverture audiovisuelle (c'était une autre époque disions-nous...).

 

           Quant aux forces en présence, outre Droogmans et Duez, on retrouve également de nombreuses têtes d'affiche. Il y a bien sur le clan Bastos, avec Patrick Snijers et Guy Colsoul. Aucun changement de monture n'est au programme de leur côté et on les retrouve donc respectivement aux volants de la Lancia 037 et de l'Opel Manta 400 qu'ils pilotaient déjà en 1985. Deux propulsions qui risquent d'être pénalisées dans ces conditions hivernales. En Groupe A, la vedette a pour nom Yves Loubet, présent sur une Alfa Romeo GTV6 aux couleurs de Boule d'Or. Et en Groupe N, beaucoup se questionnent sur une nouvelle venue, la Ford Sierra XR4x4 dont dispose le Verviétois Jean-Claude Probst.

 

           Avant même de débuter réellement ce vendredi 7 février 1986, les Boucles de Spa perdent d'emblée l'un des grands favoris à la victoire. Robert Droogmans, qui ne dispose finalement que d'un mulet arrivé en dernière minute de l'usine Ford de Boreham après avoir détruit une voiture en essais peu de temps auparavant, perd partiellement l'usage de ses freins et de sa direction avant même le départ de la première spéciale. Le retard est trop important et la mise hors course est inévitable malgré quelques chronos parcourus pour du beurre.

           Tout profit pour Marc Duez qui dispose de la monture la plus efficace sur ce terrain, une quatre roues motrices compacte et puissante. Il colle 45 secondes à Snijers dès la première spéciale dans la Clémentine. Duez entame l'épreuve par huit meilleurs temps consécutifs, c'est une véritable démonstration. Mais très vite, la machine s'enraye. La Metro peine à terminer cette première boucle en raisons de plusieurs pépins au niveau du moteur et Duez finit par abandonner dans la boucle suivante. Patrick Snijers hérite donc de la tête de la course et termine la première nuit avec plus de deux minutes d'avance sur son dauphin, le Néerlandais John Bosch en Audi Quattro. Snijers est plutôt à l'aise malgré ses deux seules roues arrières motrices, bien aidé dans sa recherche de motricité par son moteur à l'arrière.

 

           Samedi, la seconde journée débute par un véritable coup de tonnerre. Alors qu'on la croyait fiable après sa magistrale saison 1985, la 037 aux couleurs de Bastos refuse tout service. Elle a sans doute mal supporté le froid de la nuit ardennaise et reste clouée à Spa. Ce nouveau rebondissement propulse John Bosch aux commandes de ces Boucles de Spa. Il devance les surprenantes Skoda 130 Groupe B des Tchèques Krecek et Kvaizar ainsi que la Visa 1000 Pistes du brillant Français Chantriaux. En cinquième position pointe désormais le leader du Groupe N, Jean-Claude Probst. Qui aurait misé sur ce quintet avant le départ ?

           La neige s'intensifie pour cette seconde journée et ses 31 spéciales (dont une annulée). John Bosch n'est pas aussi à l'aise que sa voiture dans ces conditions et voit lentement revenir sur lui Ladislav Krecek, tandis qu'Eric Chantriaux est rapidement contraint à l'abandon par sa mécanique. Mais dans le courant de la soirée, il apparait que le réel danger pour Bosch pourrait venir de là où on ne l'attend pas. Le jeune Verviétois Jean-Claude Probst prend de plus en plus la mesure de sa nouvelle Sierra XR4x4. Une voiture quasiment de série qui est très à l'aise sur la neige, tout comme son pilote. Probst commence à signer de plus en plus de meilleurs temps et prend conscience qu'il y a un coup à jouer. Devant, Bosch est totalement tétanisé par le froid glacial, si ce n'est pas par l'enjeu de cette lutte.

           Dans la dernière boucle, Probst signe 10 meilleurs temps sur 13, repoussant souvent Bosch à plusieurs dizaines de secondes, le Batave peinant même dans certaines spéciales à se hisser simplement dans le top 10. Seul Krecek résiste et semble encore en mesure de résister à son retour mais Probst lui colle successivement 23 secondes à Stavelot, 18 à Francorchamps et 28 à Ster, le coup de grâce. De grâce il est bien question cette nuit-là, Jean-Claude fait la course de sa vie et dribble finalement tous ses adversaires pour s'imposer in extremis avec 33 secondes d'avance sur Ladislav Krecek. Bosch a complètement craqué et se retrouve à plus de 5 minutes !

 

           Kvaizar termine quatrième avec la seconde Skoda officielle. Guy Colsoul n'est que cinquième après avoir été en délicatesse durant tout le week-end. Il devance Vermeersch, deuxième du Groupe N en Toyota Corolla, et le Suédois Stefansson, vainqueur du Groupe A sur sa Volvo 240 Turbo. Loubet n'est que dixième devancé par la petit Golf du régional Jacky Delvaux. Sur sa Nissan 240RS, Flory Roothaert n'est que quinzième. Et pour l'anecdote, notons aussi la 31e place du journaliste Paul Fraikin.

 

 

           Une Groupe N qui s'impose, ça marque toujours les esprits, surtout lorsque cela se produit dans une épreuve aussi prestigieuse que pouvaient l'être les Boucles de Spa à l'époque. Depuis lors, cet exploit de Probst n'a cessé de faire parler, bien plus que d'autres victoires plus "conventionnelles", et est souvent cité en modèle lorsque les lauriers viennent à tomber de nouveau dans l'escarcelle d'une voiture du Groupe N. Pourtant, ce récital spadois resta le principal fait d'arme de Jean-Claude Probst et sa seule grande victoire. Ce grand espoir verviétois ne reçut jamais l'opportunité de disposer d'une Sierra Cosworth Groupe A comme il l'espérait après ce résultat, et dut se résoudre à mettre de côté sa carrière prometteuse dès l'année suivante.



02/01/2016
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