Rallye Belgique

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Lieux mythiques #3 : sur les traces des 500 kilomètres d'Andenne

           Pour ce troisième épisode consacré aux lieux mythiques du rallye belge, nous n’évoquerons pas un mais bien trois endroits différents. Ces trois lieux ont en commun d’avoir figuré à de nombreuses reprises au programme des 500 kilomètres d’Andenne. Cette épreuve qui vit le jour dans les années 60 fut rapidement inscrite au calendrier du championnat de Belgique des rallyes nationaux. Elle y resta jusqu’en 1983 avant d’unir sa destinée à celle de la Ronde du Nouveau Namur pour donner naissance au Rallye de Wallonie. Le parcours des 500 kilomètres d’Andenne était relativement compact et sillonnait les villages proches de la cité des ours : Vezin, Sclayn, Bonneville, Haltinne, Jallet, Perwez, Haillot, Coutisse, …

           Vers la fin des années 80, une nouvelle épreuve provinciale fut créée à Andenne, reprenant une grande partie des spéciales des « 500 kilomètres », sous le nom des Boucles Andennaises. Cette épreuve disparut à son tour dans les années 90 et depuis lors seuls quelques rallyes-sprints ont encore subsisté sur ces tracés entre temps abandonnés aussi par le Rallye de Wallonie suite au refus des autorités communales andennaises d’accueillir l’épreuve sur son territoire.

 

La Ferme du Chant d'Oiseaux

 

           Le premier endroit évoqué se situait sur la spéciale de Vezin, dans le vallon creusé par le ruisseau de la Loysse. Cette spéciale est la seule classique des 500 kilomètres d’Andenne à n’avoir jamais été reprise par le Rallye de Wallonie. C’était aussi la seule à être située au Nord de de la Meuse. Elle comportait pourtant une très belle portion sur terre qui passait devant la Ferme pédagogique du Chant d’Oiseaux. La spéciale débutait le plus souvent près de la Meuse, non loin du café « Le Petit Matelot » et remontait la route longeant la Loysse. A la sortie du bois, le tracé quittait à gauche pour emprunter cette terre, avec directement un premier gauche assez large devant l’entrée de la ferme. C’est dans ce gauche que la plupart des spectateurs se retrouvaient.

           Comme on peut le voir sur les photos ci-dessous, l’endroit n’a pas beaucoup changé. On peut regretter qu’aucune épreuve n’ait emprunté ce tronçon depuis une vingtaine d’années désormais. La première photo provient du site de l'écurie anversoise URRT.

 

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Coutisse

 

           Ce deuxième lieu mythique a eu le privilège d’être repris à partir de 1984 au programme du Rallye de Wallonie. Et c’est probablement cette épreuve, plus encore que les 500 kilomètres d’Andenne, qui a rendu cet endroit si populaire. Il pourrait s’agir d’un simple quitter gauche, mais ce virage est beaucoup plus que ça. Les pilotes arrivent à vitesse assez importante de la Rue de l'Hospice et doivent prendre à gauche vers Les Ruelles, une route en forte montée. Ce changement brusque de dénivellation, la plaque d’asphalte très glissante dans le virage et l’absence de corde pour se retenir rendent très compliqués les passages à cet endroit. Heureusement, la route y est assez large et permet aux pilotes d’élargir leurs trajectoires en cas de besoin, mais il n’était pas rare d’y assister à des tête-à-queue, surtout en cas de pluie. Les derniers passages dans le village de Coutisse datent du début des années 90.

 

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Reppe

 

           Pour clôturer ce triptyque andennais, nous nous rendons entre Ohey et Gesves, à Reppe. C’est sur les routes de ce hameau et de ses alentours que se déroulait chaque année une des spéciales « show »les plus appréciées de Belgique. Un tracé qui fut d’ailleurs repris lors des deux premières éditions du Rallye de Wallonie, et plus tard encore par les Boucles Andennaises. Pourtant, il ne s’agit que de quelques virages à angle droit assez classiques, mais l’accès à la spéciale est très facile, expliquant sans doute son succès auprès des spectateurs à l’époque. L’endroit le plus prisé consistait en un T gauche suivi d’un quitter droite, qui pouvait être emprunté aussi bien dans un sens que dans l’autre, tout comme le reste de la spéciale.

           Ces deux virages entre des fermes étaient fréquemment propices aux passages en glisse comme on peut le voir sur cette photo de Jean-Louis Dumont en 1983 que Jean-Claude Legrand a accepté de partager avec nous.

 

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15/07/2015
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Cordes profondes et autres plaisirs flandriens

           Le rallye d'Ypres est unique ! Ce n'est pas sans raison s'il s'est forgé une place de choix au niveau belge comme au niveau européen au cours de ses 50 années d'existence. En championnat de Belgique, Ypres est déjà un rallye à part. Parce qu'il a un statut international, parce qu'on n'y rencontre pas les mêmes voitures ni les mêmes pilotes que sur les autres épreuves, et parce que l'ambiance y est exceptionnelle. En championnat d'Europe aussi, Ypres est un rallye à part, parce qu'il accueille le plus souvent des pilotes belges ou étrangers de renom et qu'il est parfois très compliqué pour les habitués de ce championnat d'y rentabiliser leur déplacement. Régulièrement, certains suiveurs émettent des doutes, légitimes, sur le caractère unique de cette épreuve estivale. Mais régulièrement, il y a aussi un millésime de l'épreuve particulièrement haut en couleur pour venir remettre l'église au milieu du village. Et l'édition 2015 était très certainement l'un de ces millésimes !

 

           Ces dernières saisons, les spectateurs ont du apprendre à organiser leur week-end différemment. Depuis une dizaine d'années, les WRC, et d'autres voitures, sont bannies de la cité des chats. Il devient compliqué d'y trouver des endroits lents qui soient réellement spectaculaires. Avec l'avènement récent des Super 2000 et des R5, le spectacle réside dans la vitesse ! Dans ces courbes rapides qui, à Ypres, sont aussi synonymes de cordes. Et les cordes, c'est tout ce qui fait la difficulté de cette épreuve. Pour s'en sortir sur un rallye comme celui-là, il faut non seulement être véloce, mais il faut surtout aller au bout de la course sans encombre (ou presque) et éviter les pièges qui se cachent au détour de beaucoup de ces cordes.

           Si un pilote étranger parvient à briller sur les petites routes de Flandre Occidentale, il n'y a souvent que deux possibilités. Soit il s'agit d'un pilote au talent exceptionnel, voué à s'illustrer en WRC si ce n'est pas encore fait, soit ce pilote a suffisamment d'expérience à Ypres que pour passer au travers des mailles du filet. Et parfois, ces deux aspects sont nécessaires pour faire un résultat. Beaucoup d'exemples le montrent. Henri Toivonen, vainqueur en 1984 pour sa première participation, était un des pilotes les plus doués de l'histoire. Kris Meeke, qui a réalisé la même prouesse en 2009, est devenu une référence du WRC entre temps. De leur côté, Jimmy McRae et Hendrik Lundgaard, vainqueurs respectivement en 1987 et 2000, ont écumé les spéciales yproises pendant des années avant de pouvoir y décrocher les lauriers grâce à l'expérience accumulée.

 

           Cette année n'a évidemment pas dérogé à la règle. Certains pilotes étrangers ont montré qu'ils avaient suffisamment d'expérience ou de talent que pour faire une prestation de choix à Ypes. Les meilleurs exemples sont à trouver chez Opel. Même si cela s'est soldé par des fortunes diverses, les trois jeunes pilotes principaux de la marque, Emil Bergkvist, Marijan Griebel et Aleks Zawada, se sont tous illustrés le week-end dernier aux volants de leurs agiles Adam R2. Le Français Victorien Heuninck fut le seul à pouvoir leur tenir tête au volant de sa Peugeot 208 R2, mais mettant surtout à profit sa connaissance du terrain et ses nombreuses participations à Ypres. Plus haut dans la hiérarchie, Bryan Bouffier a également montré qu'il avait beaucoup appris de ses précédentes participations en poussant Freddy Loix dans ses derniers retranchements. Freddy a finalement mieux encore fait parler son expérience du terrain, mais il n'aura vraiment pas manqué grand chose. Savoir éviter les crevaisons dans des cordes anodines, c'est aussi ça la science du rallye d'Ypres...

 

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           A l'inverse, certains pilotes ont malheureusement montré à Ypres qu'ils n'avaient pas l'expérience suffisante ou le talent suffisant pour y briller. Voire même qu'ils n'avaient ni l'un ni l'autre ! Etonnamment, Kevin Abbring a confondu vitesse et précipitation, alors qu'il jouait une nouvelle fois aux avant-postes. L'invitation que lui avait faite Pieter Tsjoen s'est soldée par la destruction d'une DS3 R5. C'est en partie le même constat qui est à faire pour Stéphane Lefebvre, qui n'a pas toujours été servi par son pilotage incisif mais qui est malgré tout à l'arrivée. Et que dire des Britanniques en Fiesta ? Qu'Euan Thorburn termine le rallye sans mal ressort presque du miracle tant il a repoussé les limites ce week-end, sans toujours être très véloce. Quant aux frères Moffett, aucun des deux n'est à l'arrivée, et la plus belle sortie du week-end est même à mettre à l'actif de Josh lors du dernier passage à Hollebeke. Au même endroit quelques heures plus tôt, le Polonais Lukasz Pieniazek au volant de sa Peugeot 208 R2 avait déjà été victime de cette corde, l'un des plus gros pièges de cette édition 2015. Sur la même monture, les plus véloces Diogo Gago et Vasiliy Gryazin ont connu le même sort un peu plus tard dans la course.

           Finir au wateringue n'est cependant pas l'apanage exclusif des étrangers, quelques autochtones unissant chaque année la destinée de leur voiture avec celle d'un fossé. Bernd Casier est d'ailleurs en train de devenir un récidiviste de la discipline...

 

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           Le rallye d'Ypres a donc une nouvelle fois rappelé à tous, Belges et étrangers, qu'il est unique. Il n'est pas donné à tout le monde de prendre le dessus sur les routes flandriennes et ils seront encore nombreux les pilotes à s'y casser dents et voitures à l'avenir.


02/07/2015
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Epreuves oubliées #3 : Circuit des Trois Provinces

           De nos jours, la ville de Huy est sans aucun doute considérée par les fans de rallye belges comme une des capitales nationales de leur sport. Chaque année, début novembre, et pendant plusieurs semaines tout au long de l'automne, ils n'ont d'yeux que pour la cité mosane et ses environs. Ce statut envié qu'a la ville de Huy, ne date pas d'hier. Le Rallye du Condroz est une institution depuis la fin des années 70, et dans les années 50 et 60, les Douze Heures de Huy comptaient parmi les très gros rendez-vous de la saison belge des rallyes. A une époque, la ville de Huy était tellement importante que le Championnat de Belgique y faisait escale à deux reprises dans l'année ! Et c'est l'un de ces deux rendez-vous qui sera au centre du troisième épisode de notre série consacrée aux épreuves oubliées.

 

           Cela nous ramène à la fin des années 60. Aux environs du mois de mars, le championnat visite Huy chaque année depuis le milieu des années 50 déjà, à l'occasion des Douze Heures. Mais en 1967, une petite épreuve voit le jour, organisée entre autres par le Motor-Club de Huy et le Marche-Moto-Club. Il s'agit du Circuit des Trois Provinces. Comme le nom des équipes organisatrices le suggère, le tracé du rallye sillonne la région entre Huy et Marche-en-Famenne. Une région dans laquelle se rencontrent les frontières de trois provinces, celle de Namur, de Liège, et de Luxembourg. Après une première édition hors-championnat réussie, le Circuit des Trois Provinces se voit directement repris dans le giron du Championnat de Belgique des rallyes nationaux dès l'année 1968.  Et c'est donc en mai de cette année-là, environ deux mois après la victoire de Gilbert Stapelaere aux Douze Heures de Huy, que le gratin belge de la discipline se retrouve une seconde fois en bord de Meuse.

 

           Lors de cette édition 1968, Stapelaere est justement forfait. Chacune des absences de l'ogre anversois est une occasion rêvée pour les autres pilotes de se mettre en évidence. En l'occurrence, c'est Jean-Marie Jacquemin qui est le grand favori aux commandes de sa très belle Alpine-Renault A110. Copiloté par "Chavan", il s'élance avec le numéro 1 sur les portières. Il est suivi au départ par le Porschiste Norbert Van Huffel. Deux étapes spéciales jalonnent le long parcours qui serpentent les campagnes entre Huy et Marche. Il y a tout d'abord la spéciale de Gives, un grand classique parcouru à trois reprises, et ensuite la spéciale de Marcourt, dans le Bois Del Core, empruntée à deux occasions.

           Jacquemin et "Chavan" n'eurent pas la moindre occasion de confirmer leur statut de favoris, la mécanique de la belle Française les trahissant très rapidement. Van Huffel non plus ne figurait pas aux avant-postes, étant peu à son avantage sur les deux spéciales proposées. Et comme cela arrive souvent en région hutoise depuis plusieurs décennies, ce sont les locaux qui se taillèrent la part du gâteau. Le garagiste andennais Claude Collaer et sa copilote "Anita" décrochèrent la timbale avec leur Renault 8 Gordini. Ils s'imposèrent au détriment de l'équipage hutois Lacroix - Randaxhe, eux aussi en R8 Gordini, en tête tout au long de l'épreuve mais perdant 3 minutes après une crevaison en toute fin de parcours.

 

           C'est assez logiquement que le Circuit des Trois Provinces, tout comme les Douze Heures de Huy, figure toujours au calendrier belge en 1969. L'épreuve qui a lieu le week-end des 18 et 19 mai hérite même du statut international ! Le plateau est particulièrement relevé : Jean-Marie Jacquemin, "Christine", "Chavan", Rudolf Moortgat, Hermès Delbar, Jean-Pierre Gaban... Et cette fois, Jean-Marie Jacquemin ne laisse pas passer sa chance. Il s'impose, toujours au volant de l'Alpine-Renault A110. Il devance la Porsche 911 de Gaban et la BMW 2002 de Van Dijck. Moortgat (Cortina Lotus) et "Christine" (Alfa Romeo Spider) complètent ce top 5 de haut niveau.

 

           Malheureusement, seules ces trois éditions du Circuit des Trois Provinces eurent lieu. L'épreuve disparut en 1970 avant de sombrer dans un oubli quasi total. Et pourtant, il y a encore des personnes de nos jours qui cherchent à honorer la mémoire de ce rallye. Entre 2009 et 2011, des passionnés ont organisé une nouvelle version de cette épreuve, réservée aux voitures anciennes et dans un format uniquement d'orientation. Sur un parcours allant toujours de Huy à Marche, et passant par plusieurs hauts-lieux de l'épreuve d'antan, notamment par Marcourt.

           Et, comme pour les autres rallyes évoqués dans cette série des épreuves oubliées, si vous disposez d'archives ou d'images de ce Circuit des Trois Provinces, n'hésitez surtout pas à le faire savoir !


17/06/2015
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Les Belges en Amérique du Nord

           L'Amérique du Nord n'est certainement pas la partie du globe que l'on associerait le plus aisément au rallye. Comme dans beaucoup d'autres domaines, les Américains ont leur vision propre du sport automobile, avec notamment leurs sacrosaintes ovales. Et pourtant, c'est mal connaitre le rallye que de penser qu'il ne peut y avoir la-bas des épreuves prestigieuses ou des rallymen de talent. Dans les années 70, le Canada a eu droit à ses manches mondiales, avec tout d'abord le "Rally of the Rideau Lakes", et quelques années plus tard le "Criterium Molson du Québec". Les Etats-Unis n'étaient pas en reste avec le "Press-on-Regardless Rally" dans les années 70, puis le "Olympus Rally" dans les années 80. Et les pilotes européens n'étaient pas toujours souverains outre-Atlantique, les locaux tels que John Buffum, Walter Boyce, ou Gene Henderson (seul américain vainqueur d'une manche mondiale... en Jeep !) faisant mieux que se défendre.

 

           Et les Belges dans tout ça ? Et bien ils furent, ou sont encore, plusieurs à s'illustrer de l'autre côté de l'océan. Le premier de ceux-là fut sans doute Olivier Gendebien. Si vous ne connaissez pas Olivier Gendebien, sachez qu'avant d'avoir prêté son nom à un rallye provincial et national, il fut l'un des plus grands pilotes de Belgique, et même d'Europe. Plusieurs victoires aux 24 Heures du Mans, des podiums en Formule 1, et une longue série de victoires en rallye et en circuit. Un touche-à-tout d'exception qui tenta l'aventure, en 1964 et 1965, du Shell 4000. Un rallye de 4000 miles environ, s'étalant sur une semaine et traversant le Canada de part en part, le plus souvent de Vancouver à Montréal. Pour sa première participation en 1964, Olivier et son copilote local Mike Kerry terminèrent l'épreuve à une remarquable 4e place, au volant d'une "Amazone" officielle de Volvo Canada. En 1965 par contre, notre compatriote déclara forfait suite au décès accidentel de son épouse quelques jours à peine avant le départ de l'épreuve.

           Si vous voulez en savoir plus sur cette épreuve, voici un site particulièrement complet qui en relate toute l'histoire : Shell 4000.

 

           C'est presque 10 ans plus tard, à l'automne 1974, qu'eut lieu l'exploit suivant d'un Belge en Amérique du Nord. Et il s'agit sans doute du plus grand exploit. Lors du Press-on-Regardless Rally, la manche américaine du championnat du monde qui se déroulait dans l'état du Michigan, notre compatriote Christian Delferier copilotait le Français Jean-Luc Thérier. Et ils décrochèrent tout simplement la victoire, la deuxième à ce niveau pour Delferier, et la seule pour la Renault 17 Gordini. Une victoire décrochée sur tapis vert et qui semblait initialement s'offrir à Markku Alèn. Mais celui-ci fut pénalisé de 10 minutes par l'organisation en raison de l'excès de vitesse d'un véhicule d'assistance Fiat ! L'épreuve fut retirée directement du calendrier en 1975 après les nombreux incidents ayant émaillé cette édition 1974.

 

           Nous faisons ensuite un bon en avant jusqu'en 1982 pour retrouver un Belge aux Etats-Unis. Il s'agit de Léon Lejeune, un copilote verviétois globe-trotter, qui a dans sa carrière occupé le baquet de droite aux 4 coins du globe. Cette année-là, il lisait les notes au pilote français Jean-Paul Luc, dans une Renault 5 Turbo, et ils ont ensemble tenté le projet un peu fou de disputer une partie du championnat SCCA ProRally aux Etats-Unis. Leur campagne débuta par une prometteuse 4e place au Miller Centennial, dans le Colorado, derrière les intouchables Buffum, Millen et Woodner. Ils enchainèrent par le même résultat lors du Tour de Forest, dans l'état de Washington. Mais ce fut ensuite plus mitigé, avec une 11e place lors du Tostitos Coronado Rally (dans l'Arizona), et deux abandons lors du neigeux Press-on-Regardless Rally et du Reno International Rally.

 

           Plus près de nous, des pilotes belges firent leur réapparition sur les routes canadiennes à partir de 2000. Un autre projet un peu décalé permit à François Duval et Bruno Brissart, ainsi qu'aux frères Bob et Tom Colsoul, de s'aligner sur des Mitsubishi Lancer Evo 5 lors du Rallye Charlevoix en octobre 2000. Derrière la Subaru de Tom McGeer, la deuxième place de François Duval et la troisième de Bob Colsoul ponctuèrent cette participation de la meilleure façon possible. Cette même opération permit aussi à Dominique Jullien et à Fanny Duchâteau de s'aligner sur des épreuves québecquoises les années suivantes.

 

           Et aujourd'hui encore, il est un Belge qui s'illustre en Amérique du Nord. Vous souvenez-vous de David Sterckx ? Ancien cador du Groupe N en championnat de Belgique, vainqueur du Rallye de Sombreffe 2001, très spectaculaire en 2002 et 2003 au volant d'une Skoda Octavia WRC sur quelques épreuves belges. Il s'est depuis installé aux Etats-Unis où il continue d'assouvir sa passion pour le rallye.

           Et les performances sont au rendez-vous. En 2011, il a remporté le Prescott Rally, une épreuve comptant pour le championnat de la côte pacifique. Et depuis, il aussi signé plusieurs podiums sur des rallyes comptant pour le principal championnat du pays appelé "Rally America". Ses meilleurs résultats à ce niveau sont deux deuxièmes places, lors du Susquehannock Trail Rally (Pennsylvanie) en 2013, et lors du 100 Acre Wood Rally (Missouri) au début de cette année. Jusqu'en 2014, il était une des références dans la catégorie SuperProduction, l'équivalent du Groupe N, mais il s'est depuis attaqué à la classe Open, comparable au Groupe A chez nous, dans laquelle il retrouve des pilotes de référence tels que le britannique David Higgins.

           Habituellement secondé par des copilotes locaux, il a récemment permis à Renaud Jamoul de traverser l'Atlantique pour venir le copiloter et composer un équipage 100% belge lors de la dernière édition de l'Oregon Trail Rally. Une expérience qui s'est malheureusement soldée par un abandon. Mais voici un lien pour embarquer avec nos deux Belges pour une spéciale complète :

 

           Et si vous voulez rester au courant de toutes les performances de David Sterckx aux States, rejoignez vite sa page facebook David Sterckx Rallysport !


07/06/2015
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12 Heures de Huy 1966

           Organisée au début du mois de mai, dans un calendrier fort chargé, l'édition 2015 des Douze Heures de Huy est malheureusement passée inaperçue pour la plupart d'entre nous. Pourtant, l'épreuve ne manquait pas d'intérêt cette année, avec notamment le retour de Jean-Marie Jacquemin, vainqueur de l'édition 1967 ! Une épreuve à voir, ou revoir, en 2016, à une meilleure date de préférence...

 

           Si vous ne le savez pas encore, sachez que les Douze Heures de Huy ont été, et sont toujours, un véritable monument du sport automobile belge. Même Jacky Ickx y a déjà participé (en 1964, sur une Hillman Imp). L'épreuve originelle fut organisée dans les années 50 et 60. Il s'agissait d'un rallye disputé seul à bord. Le pilote était donc livré à lui-même pour affronter les trois boucles identiques d'une grosse centaine de kilomètres. Le tout en devant respecter des moyennes horaires pas toujours faciles à tenir. Bien évidemment, le parcours était divulgué quelques jours avant l'épreuve et les participants avaient la possibilité de le reconnaitre et de le mémoriser à leur guise, mais quand-même...

           La version actuelle des Douze Heures de Huy reprend en partie ce principe. Il y a en effet une catégorie destinée aux participants qui voudraient tenter l'aventure seuls à bord. Mais la possibilité existe malgré tout de prendre part à l'épreuve de façon plus classique, avec un copilote. Et pour le reste, il n'y a pas grand chose qui a changé. Toujours trois tours d'une boucle d'un peu plus de 100 kilomètres, le plus souvent côté Condroz, et toujours avec les mêmes engins qu'à la grande époque puisque l'épreuve est désormais réservée aux voitures anciennes.

 

            Pour l'occasion, je vous propose de revenir sur une édition de ces Douze Heures dans leur mouture originale. Un bon en arrière jusqu'en 1966, une année tragique pour l'épreuve. En effet, pour leur treizième édition, les Douze Heures sont frappées par la fatalité. Dans la soirée du 2 avril, alors qu’il est lancé à l’assaut du tronçon redouté des Poudreries de Clermont, Henri Plasch, surtout connu sous le pseudonyme de Vittel, est victime d’un grave accident. Dans la descente venant d’Aux Houx, sa Triumph Spitfire sort de la route et percute un arbre. La voiture ne dispose pas d’arceau de sécurité et le pilote est durement touché dans l’embardée. Vittel est toujours en vie lorsqu’il est emmené à l’hôpital, mais il succombe à ses blessures quelques heures plus tard. A l’annonce de son décès, les organisateurs décident de mettre un terme prématuré à l’épreuve. Personne n’est déclaré vainqueur.

 

           Henri Plasch n’était âgé que de 29 ans. Il était un des grands animateurs des épreuves routières belges depuis plusieurs années, généralement copiloté par le bien surnommé Perrier. En 2010, 34 ans après sa mort, son souvenir est toujours bien présent. Un trophée portant son nom est attribué à l’occasion du Revival des Douze Heures de Huy au pilote qui réalise la meilleure performance dans ce même secteur des Poudreries. A cette occasion, Thierry Plasch, un des fils d’Henri, prend d’ailleurs part à l’épreuve sur une Triumph TR2.

 

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Thierry Plasch à l'oeuvre dans le secteur des Poudreries, lors des Douze Heures de Huy 2010.

 

           Cet accident laissera des traces profondes par la suite. L’organisation des Douze Heures de Huy est plus que jamais en sursis et l’épreuve disparaitra du calendrier quelques années plus tard. A l'époque, il devient clair que l’amélioration constante des performances doit s’accompagner d’une amélioration de la sécurité. Par la suite, les arceaux de sécurité deviendront obligatoires. Quant à la descente des Poudreries, elle sera heureusement élargie et sécurisée.


25/05/2015
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Des jours heureux

           Freddy Loix a remporté ce samedi le Sezoens Rally, cinquième manche du championnat de Belgique 2015. Une victoire au terme d'une épreuve à nouveau riche en émotions, à tous les niveaux. Une journée en montagnes russes, alternant les hauts et les bas. Aussi bien dans la course que pour les suiveurs. Pour les spectateurs de rallye, ce fut en fait une journée de rallye typique, rassemblant tout ce qu'on a l'habitude de voir quand on suit les rallyes en Belgique. L'occasion d'analyser les ingrédients qui composent le "quotidien" des spectateurs de rallye à travers le récit d'une journée passée dans le nord du Limbourg. Une journée typique qui met aussi en avant certaines choses qui fonctionnent bien, et d'autres qui fonctionnent moins bien. Les joies et les frustrations que partagent souvent les quelques milliers de personnes qui se retrouvent au bord des routes de campagne aux quatre coins de la Belgique.

 

           Une journée de rallye, ça commence tôt. Et quand on habite à plus de 100 kilomètres de Bocholt, la ville qui nous accueillait ce samedi, ça implique de se lever à 5 heures de matin. C'est généralement le deuxième réveil le plus précoce de la saison pour un spectateur wallon, après celui que nous impose le TAC Rally. Evidemment, cela demande de sacrifier la soirée de la veille, sauf pour les plus téméraires qui prennent parfois le risque de ne pas être en mesure de suivre le rallye décemment, par exemple quand il a lieu un week-end de Fêtes de Wallonie et que le spectateur est Namurois...

 

           Une fois sur place, ça commence souvent par un "passage au centre", car il faut bien prendre la température pour se mettre dans le bain. Tout dépend de l'ambiance dégagée par ce centre. Mais lorsqu'il est situé en plein coeur d'une charmante petite ville comme celle de Bocholt, l'ambiance est bien souvent agréable. Ensuite seulement les spectateurs se rendent sur la première spéciale, où la température monte alors d'un cran. A ce niveau-là, par contre, le Sezoens se trouvait légèrement en deça du niveau habituel de nos rallyes. La nouvelle spéciale de De Hees, qui ouvrait le bal ce samedi, n'était pas la plus excitante de toutes. Qui plus est, le nombre de spectateurs présents semble avoir chuté par rapport aux éditions précédentes. Un constat déjà fait cette année à Tielt notamment,  et qui pose beaucoup de questions. Il n'y a qu'à Bastogne et à Jambes qu'on a vu la toute grande foule jusqu'ici en 2015.

 

           Au deuxième endroit de la journée, à Veldhoven, cela monte donc encore d'un niveau. Malheureusement, la route d'accès à la spéciale est bloquée particulièrement loin par l'organisation. Et donc, sauf pour les privilégiés disposant d'un "passe-droit", il faut marcher quelques centaines de mètres dans un laps de temps limité pour pouvoir assister au spectacle. Quand on suit les rallyes, on a l'habitude de marcher, parfois quelques kilomètres sur une journée. Tant que ça en vaut la peine...

           L'endroit est assez spectaculaire, et les 700 mètres parcourus sont déjà oubliés. Par contre, et là c'est une frustration qui ne parlera qu'à ceux d'entre nous qui prennent des photos lorsqu'ils vont au rallye, aussi bizarre que cela puisse paraitre aux yeux des autres, la météo n'est pas de la partie, et le ciel est entièrement gris. Même plutôt gris foncé cette fois. Alors il faut s'adapter si on veut faire des photos... Ce fut d'ailleurs une constante ce samedi, vu l'omniprésence d'un voile nuageux opaque, pourtant inhabituel lors du Sezoens Rally...

 

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           Troisième endroit ensuite, à Gerdingen. Là, c'est un autre défi qui s'offre au spectateur, en particulier si il prend des photos encore une fois. Il faut s'adapter aux zones de sécurité prévues pour le public, même lorsque celles-ci sont mal conçues. A cet endroit, dans une longue courbe gauche réputée piégeuse, une zone de dégagement exagérément énorme est prévue en extérieur de virage. Mais par contre, après un peu d'analyse et de patience, un placement intéressant est trouvé à l'intérieur du virage. Honnêtement, l'endroit n'est pas forcément beaucoup plus sûr que de l'autre côté de la route, mais il faut s'adapter aux règles qui nous sont imposées... Sportivement, l'endroit vaut la peine, et permet d'apprécier le style généreux de Coen Vink et de sa Subaru Impreza "555". Un pilote d'avant qui s'est fait rare et que beaucoup de spectateurs ont découvert ce week-end. Et le spectateur de rallye apprécie généralement beaucoup les pilotes et les voitures "à l'ancienne". Mais il parait que certaines choses n'ont plus leur place de nos jours...

 

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           On enchaine à Goolder, dans un droite très rapide. Mais aussi très dangereux ! Ici, même en respectant les zones de sécurité mises en place, on se rend compte après quelques passages qu'il sera préférable de se positionner autrement. Surtout après le passage de l'étonnant Irlandais Stephen Wright. Cela contraste avec l'endroit précédent. La gestion de la sécurité se fait souvent de façon trop aléatoire, avec pour paradoxe que les règles les plus strictes ne sont pas les plus sûres, car elles poussent parfois plus les spectateurs à les enfreindre. Il est toujours plus facile de faire respecter des règles lorsque celles-ci sont logiques et faites de bon sens. Et cela permet aussi de mieux éduquer les spectateurs, lorsqu'ils n'ont pas la raison ou l'expérience nécessaire à leur propre sécurité.

 

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           L'endroit suivant, à Gerdingen, est de nouveau l'occasion de mettre en lumière des problèmes dans la gestion de la sécurité. L'endroit est plutôt lent (virage à 90°), et la zone de dégagement y est relativement logique et correcte. Pourtant, après le passage des 2 premières voitures (typique vous disais-je), les stewards présents sortent de leur mutisme pour venir faire appliquer en supplément la règle des 10 mètres. Cette règle, qui est d'application de temps en temps, sans logique, veut que les spectateurs doivent à tout endroit se tenir à 10 mètres du tracé de la spéciale. Que les pilotes passent à 40 ou à 160 km/h n'est évidemment pas un paramètre pris en compte dans cette équation à plusieurs inconnues. Mais quand on est passionné de rallye, on s'adapte bien évidemment.

           Heureusement, l'endroit en question met aussi en exergue le talent du régional Polle Geusens. Un jeune espoir qui privilégie régulièrement une approche brutale du pilotage. C'est une des choses pour lesquelles les gens viennent au rallye. La journée d'un spectateur se juge, entre autres, au nombre de passages solides qu'il aura pu voir sur sa journée.

 

           Entre deux spéciales, dans sa voiture, le spectateur aime écouter la Radio Rally. Ce samedi, c'était sur Hit FM qu'il fallait se brancher pour savourer les commentaires toujours avisés de Gilbert Vannutte. Ce samedi, il avait invité Eric Dupain, le monsieur-rallye de la VRT (chaine flamande qui diffuse plus de rallye belge que les chaines francophones). Ce fut donc l'occasion de l'interroger sur le format actuel du BRC et le nombre trop élevé de manches. Voici un pot pourri de quelques phrases issues de son interview, et traduites dans l'instant, je m'en excuse :

- "Quels rallyes devraient partir ? Il y a des rallyes où il y a chaque année les mêmes problèmes. A l'Haspengouw, il n'y en a jamais. A Tielt, il n'y en a jamais. Ici à Bocholt, il n'y en a jamais..."

- "Un rallye de 3 jours, ça n'a plus sa place de nos jours."

- "Le dimanche doit être un jour de repos. Le samedi, c'est le jour où les hommes vont boire un verre et vont au rallye, pendant que les femmes peuvent faire du shopping."

- "Freddy Loix aurait du recevoir sa pénalité complète au Rallye de Wallonie. L'organisateur n'a pas été cohérent."

           Chacun est libre de se faire une opinion. Il semble en tout cas qu'Eric Dupain ne doit pas connaitre le Tour d'Amérique du Sud, une épreuve qui s'est déroulée en 1978 sur plus de 28.000 kilomètres et pendant 39 jours et qui nous rappelle que l'endurance était une valeur fondamentale de notre sport à l'origine. Et il ne sait pas, et c'est plus étonnant de sa part, que la décision de réduire de moitié la pénalité de Loix au Rallye de Wallonie a été prise par le collège des commissaires sportifs et n'est donc pas imputable à l'organisation !

           Quand on est spectateur de rallye, on accepte aussi d'entendre beaucoup de choses dites sur son sport favori. Et il faut aussi accepter qu'inexorablement, le rallye subit les affres de ce qu'on appelle dans le langage courant le "progrès". Le spectateur de rallye s'adapte... mais je l'ai déjà dit plus haut je pense.

 

           Le temps de digérer tout ça, et l'on se trouve à Goolder. On apprécie d'abord le dernier passage de Kris Princen. Quand on est spectateur de rallye, on accepte aussi que les mécaniques défaillent, et que parfois, cela affecte de façon plus fréquente certains pilotes qu'on apprécie particulièrement de voir passer. Certaines voitures ont des maladies de jeunesse, mais dans ce cas-ci, il serait grand temps que jeunesse s'efface.

 

           La spéciale de Goolder est ensuite interrompue. Rapidement, on apprend que Chris Van Woensel, alors leader, est sorti de la route. Une sortie qui aurait été banale et peu pénalisante si Chris n'avait pas renversé un spectateur. Il s'agirait, d'après des sources non-officielles, d'un photographe qui s'était placé en zone interdite, à côté d'un caméraman officiel qui a heureusement pu fuir à temps. Cela s'est passé dans le virage rapide sur béton évoqué plus haut.

           Evidemment, cela met un coup au moral quand on est spectateur de rallye. Surtout que ce genre d'accident n'a pas pour habitude de servir l'image de notre sport dans les médias généralistes.

 

           Alors quand il est dans le doute, le spectateur de rallye a plusieurs options. Rentrer chez lui, mais ça c'est seulement en dernier recours. Aller boire un verre ou manger une "crasse". Ou bien "passer au centre" (ce qui peut aisément se combiner avec le verre ou la crasse...). Passer au centre fut l'option choisie ce samedi. Ce qui permit de s'informer un peu, et d'apprécier le fait que les pilotes toujours en course savent détendre l'ambiance même lorsqu'ils ne sont pas derrière le volant.

 

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           Le rallye continue, et il reste une dernière spéciale à se mettre sous la dent. Le public est de plus en plus clairsemé et la lutte en tête de la course est désormais pliée. Alors comme un alcoolique qui tenterait d'aspirer les dernières gouttes de sa bouteille, le spectateur de rallye regarde les derniers passages qu'il reste à voir, à la recherche de la note positive qui viendra clore sa journée. Et souvent, il trouve cette note positive dans l'attente impatiente de son prochain rallye...

 

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17/05/2015
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