Rallye Belgique

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Quel visage pour le BRC 2016 ?

               A peine quelques semaines nous séparent désormais du début de la saison belge des rallyes. Plusieurs pilotes ont annoncé ces derniers jours leurs projets pour cette année 2016. C’est donc l’occasion de rassembler toutes les informations et les bruits de couloirs reçus jusqu’à ce jour et de tenter de savoir quel visage devrait avoir le prochain millésime du BRC. Après une saison 2015 qui fut le théâtre de nombreuses controverses, nous pouvons espérer un déroulement plus détendu pour cette année. Les récentes décisions prises par rapport aux WRC (pour plus de détails, je vous renvoie vers l'article d'Autonews du 20 décembre dernier) ont clairement pour but de renforcer la position déjà prise par le RACB en 2015. L’objectif est de favoriser autant que possible la participation des voitures de type R5 et de décourager les candidats à un programme complet au volant d’une WRC. Il semblerait que le message soit passé et que le nombre de R5 au départ en 2016 soit plus élevé que lors de l’année écoulée, tandis que la tendance inverse devrait se confirmer au niveau des WRC.

 

                En tête des pronostics pour cette saison 2016, nous devrions sans doute retrouver Freddy Loix. Fast Freddy sera de nouveau de la partie au volant d’une Skoda Fabia R5, probablement la meilleure voiture de la catégorie. Comme les années précédentes, il devrait faire l’impasse sur une ou deux des neuf manches qui figurent au calendrier. Le seul changement pour Loix se situe au niveau de la préparation de sa monture. Il quitte en effet BMA pour se tourner vers l’équipe française de 2C Compétition. Un changement qui ne devrait pas avoir un grand impact sur ses performances.

 

                Face à Loix, Kris Princen fera à nouveau figure d’adversaire principal. Après un long questionnement, le Trudonnaire remet le couvert au volant de la Peugeot 208 R5 de DG Sport. Ni les performances de Princen, ni la vitesse de pointe de la lionne ne sont à remettre en question. Par contre, la fiabilité de cette dernière n’a pas toujours été au rendez-vous ces douze derniers mois. Ce sera donc le gros point à améliorer pour cette nouvelle saison, et certainement une des clés de celle-ci. Kris Princen avec une voiture à la fois performante et fiable, c’est presque toujours synonyme de résultats.

 

                Le troisième homme sera sans doute à nouveau Vincent Verschueren. Le Flandrien a troqué sa DS3 R5 pour une Fabia R5. Toujours en quête d’une première victoire à l’échelon national, Verschueren dispose enfin d’une arme à la hauteur de celles de ses adversaires. Il devra donc confirmer ses toujours bonnes dispositions par des résultants probants. Et pour clore la liste des Fabia R5, n'oublions de noter qu'Hermen Kobus s'alignera normalement à Tielt, Jambes et Ypres cette année.

 

                Et les Citroën DS3 R5 dans tout ça ? Nous n’avons pas encore reçu d’info officielle quant aux projets de Cédric Cherain, mais certains bruits indiquent qu’il se dirigerait plutôt vers le championnat d’Europe. Nous ne devrions donc le voir en action chez nous qu’à quelques rares occasions. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de DS3 pour jouer le titre en Belgique. Bien au contraire ! Nous en verrons notamment plusieurs à l’œuvre dans les rangs de J-Motorsport, l’équipe menée par Jourdan Serderidis. Le patron lui-même délaissera le championnat du monde et s’alignera au volant d’une R5 sur la majorité des épreuves du BRC. Il devrait être accompagné par Philippe Stéveny. En effet, le garagiste hannutois devrait s’orienter vers un programme complet en lieu et place de ses sporadiques one-shots habituels. Espérons cependant qu’il tienne parole et qu’il ne baisse pas les bras trop rapidement. Enfin, J-Motorsport devrait aligner une troisième DS3 avec le soutien de l’importateur Citroën. L’heureux élu qui bénéficiera du volant de cette monture officielle serait Kevin Demaerschalk. Le jeune Brabançon voit là une seconde chance lui être offerte. A lui de montrer son talent, et de rester sur la route !

                Et Citroën ne soutiendrait vraisemblablement pas un seul et unique équipage à titre officiel mais bien deux ! En effet, Guillaume Dilley devrait aussi avoir la chance de s’aligner sur une DS R5 aux couleurs de l’importateur. Celle-ci serait préparée par Burton Racing. L’équipe de Trois-Ponts alignera sans doute une seconde DS3 R5 que nous retrouverons aux mains de l’ex-pistard Armand Fumal. Dilley, bien qu’en apprentissage, devra confirmer ses bonnes dispositions de 2015, de nouveau à armes égales face à Demaerschalk.

                Enfin, Tom Van Rompuy s’alignera lui aussi en DS3 R5. Il a en effet racheté la voiture que pilotait l’an dernier Vincent Verschueren. Il ne s’agit sans doute pas de la meilleure voiture du plateau, mais elle aura par contre une des plus belles décorations. Si Van Rompuy a fait des débuts en R5 timides durant la fin de la saison dernière, il a déjà montré par le passé qu’il avait une belle marge de progression. Espérons donc qu’il puisse élever son niveau de performance en 2016.

 

                Là-dedans, il manque bien sur les Fiesta R5. Il est probable que nous n’en voyions aucune sur l’ensemble du championnat. Cependant, Claudie Tanghe et Davy Vanneste disputeront quelques épreuves avec ce modèle, essentiellement en Flandre.

 

                Cette avalanche de R5 ne signifie pas pour autant que les WRC vont disparaitre entièrement du sol belge. Aucun pilote n’a jusqu’ici marqué son intention de faire un programme complet au volant de l'une d’entre elles. Mais par contre, ils seront sans doute plusieurs à être présents de façon occasionnelle. A commencer par Benoit Allart. Sur une nouvelle Fabia WRC, le Marchois devrait en théorie se concentrer cette saison sur les épreuves wallonnes uniquement. Peut-être que d’autres Famennois en feront de même ? David Bonjean, Xavier Bouche et Bertrand Grooten sont coutumiers de ces apparitions sporadiques en WRC mais n’ont encore rien communiqué quant à leurs projets pour 2016. Il reste enfin le cas de Chris Van Woensel. Après une saison 2015 marquée par de trop nombreux abandons, que fera-t-il cette année ? Il est fort possible qu’il choisisse de nouveau de se contenter d’un programme partiel, essentiellement en Wallonie, aux commandes de sa Mitsubishi Lancer WRC.

 

                Et puis il y a tous les autres. Car les R5 et les WRC ne sont pas les seules voitures capables de bien figurer au classement. En haut de la liste de ces autres protagonistes, il y a bien sur l’éternel Patrick Snijers qui devrait être au départ de la plupart des épreuves sur la Porsche 911 GT3 qu’il pilotait déjà en 2015, avec une fiabilité qu’il espère avoir retrouvée. Les autres Porschistes que sont Van Parijs, Claerhout et Lejeune seront par contre plus rarement  à l’œuvre en BRC.

                Il y aura aussi les Super 2000. Bert Cornelis a racheté l’ancienne Polo de Verschueren, mais son programme n’est pas encore connu. Le bouillant Stephan Hermann devrait aussi opter pour une S2000, une Fabia ou une Punto, mais beaucoup de choses restent encore à clarifier également.

 

Et puis il y a tous les autres. Que feront en 2016 Didier Duquesne, Melissa Debackere, ou Bob De Jong ? Les semaines qui viennent devraient nous permettre d’éclaircir ces dernières zones d’ombre, mais il semble d’ors et déjà acquis que cette saison 2016 devrait être intéressante du point de vue sportif. Espérons cependant que tous ces animateurs puissent disposer des budgets dont ils ont besoin pour leurs projets. Et croisons aussi les doigts pour que le spectacle soit présent au bord des spéciales tout au long de l’année !


20/01/2016
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Boucles de Spa 1986

           Même si l'année 2016 vient à peine de débuter, il faudra encore attendre plusieurs semaines avant que la saison des rallyes belges ne commence à son tour. Une attente interminable pour beaucoup d'entre vous. Comme chaque année, la saison nouvelle débutera notamment avec les fameuses Boucles, désormais à Bastogne. L'occasion de faire un bond en arrière d'exactement 30 ans pour vous narrer l'édition 1986 de ces Boucles, à l'époque où l'épreuve était toujours à Spa et ouvrait le championnat de Belgique des rallyes internationaux.

 

           Cette 29e édition des Boucles de Spa fut marquante à plus d'un titre. Tout d'abord, elle fut le théâtre des premières apparitions belges de plusieurs voitures de pointe de l'époque. Citons surtout les 2 monstres du Groupe B alignés par l'équipe Belga. Il y a tout d'abord la Ford RS200 avec laquelle Robert Droogmans s'apprête à disputer l'entièreté du championnat. Il y a ensuite la MG Metro 6R4 de Marc Duez. Cette voiture est apparue fin 1985 en championnat du monde, débutant d'emblée par un podium au RAC aux mains de Tony Pond. Avec l'Ardennais volant Marc Duez à son volant, elle s'apprête à disputer un programme mixte composé de quelques épreuves belges et de quelques épreuves mondiales.

           Mais ces nouveautés ne sont pas les seuls ingrédients à laisser présager d'une édition mythique. Il y a aussi, même si ce n'est pas chose si rare à Spa à l'époque, la neige, qui pour cette édition 1986 s'annonce abondante et risque bien d'engendrer quelques rebondissements dans la course.

 

           Le parcours se compose de 57 spéciales (c'était une autre époque...) réparties sur 2 jours (et surtout 2 nuits) de course. Au total, 13 spéciales différentes sont au menu dont les plus classiques Clémentine, Creppe, Barisart, Chevron, Ster ou Rahier, mais aussi quelques nouveautés. Parmi celles-ci, une nouvelle spéciale est gardée secrète jusqu'au départ de la course, celle de Val Vert. Il s'agit en fait d'une étape tracée autour de Paradis, près de Harzé, et composée en grande partie de terre. On note également l'apparition de la spéciale de Mont, sur les hauteurs de Malmedy, dans le fief de Marc Duez. Cette spéciale ne sera utilisée qu'une seule fois par les Boucles de Spa, mais on la reverra bien plus tard au programme du Rallye des Hautes-Fagnes. Enfin, remarquons aussi la présence d'une 14e spéciale que les pilotes n'emprunteront qu'une fois et qui sera diffusée en télévision en différé le samedi. Portant le nom de RTBF, elle consiste en un tracé court et sinueux dans les abords du circuit de Francorchamps avec aussi un jump artificiel au programme. Cette spéciale lance aussi une tradition puisque de 1987 à 2000 les Boucles s'entameront chaque année par une spéciale "show" le vendredi après-midi, leur permettant une belle couverture audiovisuelle (c'était une autre époque disions-nous...).

 

           Quant aux forces en présence, outre Droogmans et Duez, on retrouve également de nombreuses têtes d'affiche. Il y a bien sur le clan Bastos, avec Patrick Snijers et Guy Colsoul. Aucun changement de monture n'est au programme de leur côté et on les retrouve donc respectivement aux volants de la Lancia 037 et de l'Opel Manta 400 qu'ils pilotaient déjà en 1985. Deux propulsions qui risquent d'être pénalisées dans ces conditions hivernales. En Groupe A, la vedette a pour nom Yves Loubet, présent sur une Alfa Romeo GTV6 aux couleurs de Boule d'Or. Et en Groupe N, beaucoup se questionnent sur une nouvelle venue, la Ford Sierra XR4x4 dont dispose le Verviétois Jean-Claude Probst.

 

           Avant même de débuter réellement ce vendredi 7 février 1986, les Boucles de Spa perdent d'emblée l'un des grands favoris à la victoire. Robert Droogmans, qui ne dispose finalement que d'un mulet arrivé en dernière minute de l'usine Ford de Boreham après avoir détruit une voiture en essais peu de temps auparavant, perd partiellement l'usage de ses freins et de sa direction avant même le départ de la première spéciale. Le retard est trop important et la mise hors course est inévitable malgré quelques chronos parcourus pour du beurre.

           Tout profit pour Marc Duez qui dispose de la monture la plus efficace sur ce terrain, une quatre roues motrices compacte et puissante. Il colle 45 secondes à Snijers dès la première spéciale dans la Clémentine. Duez entame l'épreuve par huit meilleurs temps consécutifs, c'est une véritable démonstration. Mais très vite, la machine s'enraye. La Metro peine à terminer cette première boucle en raisons de plusieurs pépins au niveau du moteur et Duez finit par abandonner dans la boucle suivante. Patrick Snijers hérite donc de la tête de la course et termine la première nuit avec plus de deux minutes d'avance sur son dauphin, le Néerlandais John Bosch en Audi Quattro. Snijers est plutôt à l'aise malgré ses deux seules roues arrières motrices, bien aidé dans sa recherche de motricité par son moteur à l'arrière.

 

           Samedi, la seconde journée débute par un véritable coup de tonnerre. Alors qu'on la croyait fiable après sa magistrale saison 1985, la 037 aux couleurs de Bastos refuse tout service. Elle a sans doute mal supporté le froid de la nuit ardennaise et reste clouée à Spa. Ce nouveau rebondissement propulse John Bosch aux commandes de ces Boucles de Spa. Il devance les surprenantes Skoda 130 Groupe B des Tchèques Krecek et Kvaizar ainsi que la Visa 1000 Pistes du brillant Français Chantriaux. En cinquième position pointe désormais le leader du Groupe N, Jean-Claude Probst. Qui aurait misé sur ce quintet avant le départ ?

           La neige s'intensifie pour cette seconde journée et ses 31 spéciales (dont une annulée). John Bosch n'est pas aussi à l'aise que sa voiture dans ces conditions et voit lentement revenir sur lui Ladislav Krecek, tandis qu'Eric Chantriaux est rapidement contraint à l'abandon par sa mécanique. Mais dans le courant de la soirée, il apparait que le réel danger pour Bosch pourrait venir de là où on ne l'attend pas. Le jeune Verviétois Jean-Claude Probst prend de plus en plus la mesure de sa nouvelle Sierra XR4x4. Une voiture quasiment de série qui est très à l'aise sur la neige, tout comme son pilote. Probst commence à signer de plus en plus de meilleurs temps et prend conscience qu'il y a un coup à jouer. Devant, Bosch est totalement tétanisé par le froid glacial, si ce n'est pas par l'enjeu de cette lutte.

           Dans la dernière boucle, Probst signe 10 meilleurs temps sur 13, repoussant souvent Bosch à plusieurs dizaines de secondes, le Batave peinant même dans certaines spéciales à se hisser simplement dans le top 10. Seul Krecek résiste et semble encore en mesure de résister à son retour mais Probst lui colle successivement 23 secondes à Stavelot, 18 à Francorchamps et 28 à Ster, le coup de grâce. De grâce il est bien question cette nuit-là, Jean-Claude fait la course de sa vie et dribble finalement tous ses adversaires pour s'imposer in extremis avec 33 secondes d'avance sur Ladislav Krecek. Bosch a complètement craqué et se retrouve à plus de 5 minutes !

 

           Kvaizar termine quatrième avec la seconde Skoda officielle. Guy Colsoul n'est que cinquième après avoir été en délicatesse durant tout le week-end. Il devance Vermeersch, deuxième du Groupe N en Toyota Corolla, et le Suédois Stefansson, vainqueur du Groupe A sur sa Volvo 240 Turbo. Loubet n'est que dixième devancé par la petit Golf du régional Jacky Delvaux. Sur sa Nissan 240RS, Flory Roothaert n'est que quinzième. Et pour l'anecdote, notons aussi la 31e place du journaliste Paul Fraikin.

 

 

           Une Groupe N qui s'impose, ça marque toujours les esprits, surtout lorsque cela se produit dans une épreuve aussi prestigieuse que pouvaient l'être les Boucles de Spa à l'époque. Depuis lors, cet exploit de Probst n'a cessé de faire parler, bien plus que d'autres victoires plus "conventionnelles", et est souvent cité en modèle lorsque les lauriers viennent à tomber de nouveau dans l'escarcelle d'une voiture du Groupe N. Pourtant, ce récital spadois resta le principal fait d'arme de Jean-Claude Probst et sa seule grande victoire. Ce grand espoir verviétois ne reçut jamais l'opportunité de disposer d'une Sierra Cosworth Groupe A comme il l'espérait après ce résultat, et dut se résoudre à mettre de côté sa carrière prometteuse dès l'année suivante.


02/01/2016
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Le championnat de Belgique 2015 en 10 leçons

           Après les photos, place aux mots ! Cette saison 2015 fut riche en émotions. Pilotes, copilotes, spectateurs et organisateurs ont soufflé le chaud et le froid tout au long de l'année. Le pire et le moins pire se sont succédé depuis un an, et ce n'est vraisemblablement pas prêt de s'arrêter... Même si le petit monde du rallye est supposé être en hibernation, il y a toujours de quoi discuter tant cette saison fut controversée. L'occasion pour nous de tirer les leçons de l'année écoulée avant d'attaquer 2016 que l'on espère meilleur que 2015. Toutes les utopies sont permises...

 

           1. Il ne faut jamais confondre le début de la saison et la fin de la saison. Il est en effet de coutume que le début de saison soit prometteur et annonce une bagarre à couteaux tirés pendant les 8 (ou 9) manches qui composent le championnat. Mais cette illusion ne dure qu'un temps et la réalité nous rattrape bien rapidement sous la forme de retraits successifs de plusieurs candidats au titre. Les performances de Grooten, Tsjoen, Snijers ou Becx tout au long de l'année nous ont rappelé qu'il ne fallait pas prétendre trop vite au succès éclatant d'un championnat moderne et novateur...

 

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           2. On peut désormais prétendre tout et son contraire dans le rallye belge. Comme par exemple organiser un rallye au déroulement assez controversée et prétendre au bilan "plus que positif" en vue d'annoncer l'édition 2016 de l'épreuve (ou des 3 épreuves, en une !) en question.

 

           3. Il ne faut plus innover. En effet, proposer chaque année le même parcours (ou presque) pendant plus de 10 ans et avoir le kilométrage de spéciales par boucle le plus faible de l'année est suffisant pour se maintenir de façon indiscutable en championnat de Belgique.

 

           4. Le chantage, ça peut marcher ! Par exemple, faire planer le spectre de son retrait du championnat pour obtenir sur tapis vert une deuxième place théoriquement impossible en raison d'une erreur de pointage, ça fonctionne. C'est d'ailleurs une attitude qui permet parfois d'obtenir les quelques petits points qui font la différence au terme d'une saison aussi disputée et palpitante que celle-ci.

 

           5. Les problèmes de sécurité sont partout. Ils ne concernent donc plus uniquement le Sud de notre plat pays. Chris Van Woensel en a fait la malheureuse expérience lors du dernier Sezoens Rally en heurtant un spectateur dangereusement placé. On notera malgré tout que les spectateurs flamands sont toujours extrêmement soucieux de leur propre sécurité, surtout lorsqu'ils viennent voir des rallyes en Wallonie. Ils ont quand-même inventé la fameuse règle de la zone de 10 mètres à respecter en toutes circonstances !

 

           6. Ypres fait toujours aussi mal. Rien de nouveau au final. Le parcours tracé dans le Westhoek reste sans doute le plus dur du pays. Le plus dur pour les étrangers comme pour les Belges. Ypres est surtout le rallye avec le plus grand nombre de kilomètres contre le chrono différents, et donc le rallye le plus difficile à mémoriser avant l'épreuve !

 

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           7. Une R5, c'est le top de la technologie. Ce qui se traduit notamment par une fiabilité exceptionnelle. Il fallait demander à Vincent Verschueren et à Kris Princen ce qu'ils en pensaient au soir de l'Omloop van Vlaanderen...

 

           8. Pour cette huitième leçon, nous ferons une petite parenthèse dans la trame de cet article pour évoquer celui que nous devions vous présenter comme la révélation de l'année. Il s'agit du jeune Jonathan Rosen, âgé de 20 seulement. Jonathan a participé à 2 manches nationales cette saison, le Spa Rally et l'East Belgian Rally, avec deux brillantes places dans le top 15 à la clé. Il a également éclaboussé de son talent plusieurs épreuves provinciales, remportant notamment les Divisions 1-2-3 au JMC Rallye. Et tout cela au volant d'une modeste VW Polo GTi. Plus récemment, il dominait également le Rallye des Crêtes à Bellevaux, occupant la première place jusque dans la dernière spéciale lors de laquelle il est malheureusement sorti de la route contre un arbre. Jonathan a été assez lourdement touché cet accident. Heureusement, ses jours ne sont désormais plus en danger. Nous aurions voulu lui souhaiter d'être soutenu par le RACB dans la suite de sa prometteuse carrière, mais dans ces circonstances nous lui souhaitons avant tout de se remettre sur pied le mieux possible.

 

           9. Les problèmes de sécurité au Rallye du Condroz, c'est du passé. Il suffit d'ailleurs de regarder l'embarquée de Cédric Cherain à Marchin - Goesnes pour s'en convaincre...

 

           10. Il y a sûrement de la place pour une dixième manche. Nombreux sont les rallyes qui poussent au portillon. Comme les 6 heures de Courtrai par exemple. Cette épreuve est à elle seule un plaidoyer pour l'ajout d'une dixième épreuve au championnat de Belgique. Son plateau 5 étoiles, composé de 6 R5, 5 WRC et 1 S2000, témoigne du fait qu'en ces temps de grande croissance les pilotes ne savent plus que faire de l'abondance des budgets. En plus, avec un retard d'une heure en fin de rallye et plusieurs spéciales annulées, ces 6 heures de Courtrai marchent déjà sur les traces de la neuvième épreuve récemment ajoutée au calendrier national.

           Ou plus sérieusement, la bonne santé de certains rallyes provinciaux, qu'ils se trouvent à Courtrai, Dinant ou Jalhay, devrait suggérer aux décideurs l'idée qu'un championnat de Division 2 ne serait peut-être pas malvenu. Mieux vaut un championnat en plus qu'un championnat qui ne tient plus très bien la route...


10/12/2015
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Belges et autres vieilles connaissances au Rallye Köln-Ahrweiler

           Le week-end dernier a eu lieu en Allemagne le Rallye Köln-Ahrweiler. Pour ceux qui ignorent de quoi il ressort, sachez qu'il s'agit d'un ancien rallye moderne reconverti depuis les années 90 en une épreuve historique, à la manière des Legend Boucles mais bien avant celles-ci. Il se déroule dans l'Ouest du pays, à deux heures de route seulement de Liège, autour de la ville de Mayschoss et avec notamment une spéciale sur l'ancien circuit du Nürburgring, le célèbre Nordschleife.

 

           Il s'agit d'un rallye très prisé des Belges, qu'ils soient spectateurs ou pilotes. Surtout en raison de sa proximité géographique avec notre pays bien évidemment. C'était déjà le cas dans les années 80, à une époque durant laquelle le Rallye Köln-Ahrweiler (ou RKA pour les intimes) comptait aussi pour la West Euro Cup, un trophée regroupant plusieurs rallyes européens dont certains en Belgique. Il n'est pas étonnant de retrouver de nombreux pilotes belges de pointe dans les classements de l'épreuve durant cette période. En 1982, Jean-Louis Dumont y a d'ailleurs décroché la victoire au volant de la Datsun Violet 160J. Cette même année, Guy Colsoul et Jean Filippini terminaient aussi dans le top 10. Colsoul participa plusieurs fois au Köln-Ahrweiler, avec notamment une troisième place finale en 1986.

           Plus près de nous, Rainer Hermann est devenu un fidèle de l'épreuve désormais réservée aux voitures anciennes. Sur sa fidèle Opel Ascona 400, le pilote de Saint-Vith a d'ailleurs terminé à deux reprises sur la troisième marche du podium, en 2013 et en 2014. Cette année, il était malheureusement un petit peu plus en retrait, devant se contenter d'une septième place finale malgré tout plus qu'honorable.

 

           Cette édition 2015 a été remportée par le régional Georg Berlandy, au volant d'une autre Ascona 400. Il s'agit déjà de sa dixième victoire au Köln-Ahrweiler. Si le nom de Berlandy ne parle pas à la plupart d'entre vous, il est possible que d'autres pilotes présents à Mayschoss vous évoquent plus de souvenirs. En effet, plusieurs vieilles connaissances de nos rallyes belges étaient de la partie. Il n'est généralement pas rare que des pilotes allemands, néerlandais ou luxembourgeois s'aventurent dans nos contrées et ce depuis longtemps déjà. L'inverse est malheureusement devenu plus rare de la part des pilotes belges...

 

           A la deuxième place du classement de l'épreuve, nous retrouvons Anton Werner, le vainqueur de l'édition 2014, en Audi Quattro. Au volant de cette puissante machine, Werner s'est notamment aligné dans la manche historique du Rallye d'Ypres en 2012 et 2013. Auparavant, nous l'avions déjà vu au Rallye de la Semois 2009 avec la Porsche 911 GT3 noire qu'il pilotait en championnat d'Allemagne à l'époque.

           Juste derrière Werner, sur la plus petite marche du podium, apparait le néerlandais Bertram Altena. Nous avons pu le voir en action chez nous à de nombreuses reprises dans les dernières années de notre championnat D2. Déjà à l'époque, il pilotait l'Opel Manta blanche qui lui a encore permis de se mettre en évidence le week-end dernier. Son meilleur résultat belge fut une huitième place au Sezoens Rally 2002.

           Un petit peu plus loin dans le classement, Thomas Kleinwächter clôture le top 5 de l'épreuve. Et cette fois, il s'agit certainement d'un nom qui vous parle. Kleinwächter est presque un mythe en Belgique. Entre 1996 et 2001, il a écumé les rallyes nationaux belges, tout d'abord en Opel et ensuite sur différentes BMW M3, dans un style hyper spectaculaire qui est devenu sa marque de fabrique. Au cours de la saison 1998, il a même terminé cinq fois dans le top 10 en national. Plus récemment, nous avons également pu l'admirer aux Legend Boucles à plusieurs reprises, avec une dixième place comme meilleur résultat en 2014. Ce week-end encore, Kleinwächter a gratifié les spectateurs de quelques passages exceptionnels dont il a le secret. Il disposait pour l'occasion d'une monture que nous connaissons également bien en Belgique. En effet, il s'agit de la Ford Escort Mk2 "Rothmans" de Thomas Schulz qui avait notamment participé au Rallye des Ardennes en 2007 à son volant.

 

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           Le Luxembourgeois Yann Munhowen termine à la huitième place de ce RKA. Il disposait pour l'occasion d'une BMW E21 qui ne vous évoquera sans doute pas grand chose, car c'est en Subaru que nous l'avons vu chez nous cette année, au Rallye des Ardennes, au Rallye de la Famenne et au Rallye du Condroz.

           Citons aussi Hans-Dieter Jäkel, qui finit beaucoup plus loin dans le classement. Sur son antique Opel Manta jaune et bleue, avec laquelle il roule donc toujours, il a participé à de nombreux rallyes belges il y a maintenant une quinzaine d'années. Au total, il compte plus de vingt participations dans notre pays sur diverses montures entre 1987 et 2003.

 

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           Nous ne pouvons pas nous attarder sur tous les pilotes présents à Mayschoss le week-end passé et qui ont déjà participé à des épreuves belges. Mais citons tout de même encore Frank Gerritsen (encore vu au Sezoens Rally cette année), Jan Nijhof, Heinz-Walter Schewe (ancien animateur de l'Euro-Rallye Trophée), Sascha Winter, Jürgen Lenarz (présent il y a peu à l'East Belgian Rally) ou encore Thomas John sur son impressionnante Audi Quattro. Thomas John qui était présent dans l'annexe Demo, tout comme le Belge Andy Kalff qui roulait quant à lui en Toyota Celica et qui est fréquemment à l'oeuvre en Allemagne.

 

           Pour revoir un rallye historique de premier plan dans nos parages, il faudra désormais attendre les Legend Boucles à Bastogne au mois de février prochain. Espérons que les organisateurs aient pu avoir le bon gout d'y inviter quelques uns des animateurs, souvent rapides et spectaculaires, de ce Rallye Köln-Ahrweiler.


17/11/2015
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Le Condroz fait recette

           Ce week-end s'est clôturé le championnat de Belgique des rallyes 2015 avec le traditionnel Rallye du Condroz. Si le titre était joué depuis longtemps et déjà dans l'escarcelle de Freddy Loix, quelques décisions devaient encore tomber. Tout d'abord pour le titre de vice-champion, qui fut finalement décroché par Guillaume Dilley. Egalement dans les classements par classes, comme en Historic où c'est finalement Pieter-Jan Maeyaert qui décroche la timbale avec seulement quatre résultats sur ... les quatre dernières manches !

 

            De l'avis de beaucoup, ce fut une très belle édition de la classique hutoise. Sans doute meilleure et plus spectaculaire que la précédente. C'est donc aussi l'occasion de se demander ce qui fait qu'un Condroz peut être mieux qu'un autre. Quels sont les ingrédients qui composent la recette d'un bon Rallye du Condroz, et quels sont donc ceux qui expliquent la réussite de l'édition 2015 ?

 

           Tout d'abord, pour avoir un bon Condroz, il faut que la météo soit de la partie. Et si vous pensez qu'il faut pour cela que le soleil soit au rendez-vous, je vous arrête directement. Surtout pas de Condroz trop ensoleillé ! Outre le fait que la présence visible de l'astre lumineux dans le ciel attire plus facilement une foule parfois néophyte au bord des spéciales, elle s'accompagne aussi le plus souvent d'une diminution drastique de la dose de spectacle proposée. Pour un bon Condroz, il faut un minimum de pluie, si possible pas trop quand-même, et un ciel suffisamment nuageux que pour éviter que les routes ne sèchent trop rapidement. Ces conditions furent partiellement réunies cette année. Disons que la pluie tombée en quantité vendredi soir a permis d'avoir des spéciales suffisamment humides le samedi, et que le soleil ne s'est pas montré trop présent le reste du week-end. Le tout avec des températures plutôt douces pour la saison. Que demander de plus ?

 

           Ensuite, il faut pouvoir compter sur un timing de qualité. C'est à dire un agencement des spéciales permettant de voir un maximum de (beaux) passages avec un minimum de liaisons inutiles. Cette année, ce fut particulièrement agréable de pouvoir profiter du spectacle sans avoir à traverser la Meuse trop souvent. Car au Condroz, traverser la Meuse prend parfois du temps, même en voiture... Alors remercions les organisateurs pour le découpage du week-end dernier.

 

           Autre ingrédient, et pas des moindres, le parcours ! Celui de cette édition 2015 était très beau et très varié. Un mélange de classiques inévitables et de nouveautés intéressantes comme le retour de la spéciale d'Anthisnes. Des spéciales plus courtes et d'autres plus longues, avec le juge de paix de Marchin - Goesnes en point d'orgue. Nous regretterons juste la présence de portions de terre fort cassantes dans cette même spéciale de Marchin, ainsi que la spéciale de Forseilles new look qui n'est pas forcément très intéressante pour les spectateurs et sans doute pas beaucoup plus pour les pilotes.

           Mais ce qui compte le plus dans le parcours, du moins dans celui du Rallye du Condroz, ce sont ses pièges ! Ce sont eux qui font le spectacle, et ce sont aussi eux qui font la course, en éliminant quelques pilotes au gré de celle-ci ou la relançant par des rebondissements inattendus. Il y a 3 grands types de pièges. Tout d'abord, ceux que tout le monde attend le plus et qui finalement déçoivent les spectateurs qui s'y sont amassés dans l'espoir de sensations fortes. Prenons comme exemples la descente de Tavier dans la spéciale d'Anthisnes, ou le passage au bassin d'orage dans celle de Bodegnée. Les pilotes sont souvent bien au fait des risques qu'ils encourent si ils passent ces virages avec trop d'ardeur, et y sont dès lors très prudents.

 

           Il y a ensuite le deuxième groupe des pièges, les intemporels. Ces pièges dont on ne se lassera jamais. Ceux que tous les pilotes connaissent mais contre lesquels ils ne savent parfois rien faire. C'est le cas de l'ancienne carrière de Strée. Cette année encore, ils furent nombreux à s'y laisser surprendre. Le plus malheureux fut sans doute Steve Fernandes qui resta arrêté là plusieurs minutes. Citons aussi le jump de Villers-le-Bouillet, toujours très compliqué à négocier et où Steven Dolfen a brusquement terminé son week-end.

           Enfin, il y a une troisième catégorie, celle des pièges inattendus. Tout le défi d'un Condroz, pour les pilotes comme pour les spectateurs, c'est de savoir prévoir ces pièges. Le virage à droite après le cimetière de Moha, où Cédric Cherain s'est fait piégé samedi, entre dans cette famille d'endroits. Il en va de même pour la descente étroite située quelques centaines de mètres plus loin. Perrard, De Ridder et Van Rompuy y ont tous les trois terminé leur course de façon anticipée. Pourtant, cet endroit est un classique du Condroz depuis de longues années et n'a jamais été considéré comme un point très spectaculaire. Il faut croire qu'il y a des week-ends comme ça...

 

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           Nous continuons notre recette et passons maintenant à l'ingrédient suivant, lui aussi particulièrement important, l'ambiance ! Le Condroz est sans doute la référence du genre. Cela passe notamment par le traditionnel pain-saucisse. Inévitable, il se marie particulièrement bien avec les conditions automnales de l'épreuve. Et le Rallye du Condroz, c'est aussi l'occasion de voir du monde et de retrouver des connaissances du milieu que l'on ne rencontre que quelques fois sur l'année. Et puis il y a Huy, la cité mosane hôte de l'épreuve, qui, bien aidée par ses chaleureux habitants, contribue d'elle-même à l'engouement exceptionnel que nous avons tous pour le Condroz. Malheureusement, il y a aussi des points négatifs à cette ambiance si chaude. Certains spectateurs, novices ou non, se laissent aller à des excès dangereux. Il faut dire que le Condroz est sans doute le rallye le plus populaire de Belgique, et que ces dizaines de milliers de suiveurs ne sont pas toujours bien canalisés par l'organisation qui est parfois victime de son succès...

 

           Enfin vient le dernier ingrédient, celui sans lequel bien évidemment le rallye ne serait pas ce qu'il est, les pilotes ! Au Condroz, la qualité comme la quantité sont généralement au rendez-vous. Ce fut encore le cas cette année. Il ne nous est pas possible de passer en revue les performances de chacun des équipages présents, mais citons quand-même quelques pilotes dont les prouesses ne sont pas passées inaperçues le week-end dernier. Il y a tout d'abord Stéphane Lefebvre, le protégé de Citroën, le futur très grand (nous lui souhaitons en tout cas). Il termine deuxième derrière l'intouchable Cherain, premier en R5, et avec la manière. Il nous a gratifiés de quelques passages d'extraterrestre, souvent proches de la limite voire un peu au-delà. En témoigne notamment le premier passage à Marchin-Goesnes au cours duquel le jeune Nordiste a parcouru plusieurs kilomètres avec un pneu crevé sans jamais réduire son rythme déjà effréné. Parmi les autres R5, seul Kris Princen tenait la comparaison avant de crever lui aussi.

 

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           Il y a aussi quelques jeunes pilotes qui ont confirmé leur talent ce week-end. Xavier Baugnet, quatrième, est de ceux-là. Si il avait su se mettre mieux en avant à des moments importants de sa carrière, qui sait où il en serait aujourd'hui ? Citons aussi Guillaume Dilley qui disputait sa première course en R5. Une prestation pleine d'intelligence et de maturité ponctuée par une belle 7e place et un titre de vice-champion de Belgique amplement mérité.

          Comme chaque année au Condroz, ce sont aussi les régionaux qui ont fait la course. Avec des fortunes diverses ceci dit. Pour Dominique Jullien et Stéphane Lhonnay, cela s'est terminé au fossé. Preuve qu'il devient de plus en plus difficile d'aller vite tout de suite avec une monture de premier plan. Plus de réussite pour Etienne Monfort par contre. Alors qu'il n'avait jamais piloté de voiture de ce niveau jusqu'alors, le Hutois a emmené sa Fiesta R5 à une remarquable 12e place.

           Et puis il y a les "petits" qui chaque année au Condroz signent des performances épatantes avec des tractions qui ne les avantagent pourtant pas sur un parcours comme celui-là. Nous ne saurons pas tous les citer, mais Manu Canal, Olivier Leroy ou Jean-Louis Boesmans font clairement partie de ces pilotes qui, par leur talent trop peu mis en lumière, ont aussi contribué à la réussite de ce 42e Rallye du Condroz.

 

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           Ainsi se termine le championnat de Belgique 2015. Mais la saison n'est pas encore entièrement finie pour autant. Au niveau provincial et au delà de nos frontières, quelques épreuves ne manqueront pas d'encore attirer notre attention dans les semaines à venir. Il faudra donc attendre encore un peu avant de revenir, en long et en large, sur ce championnat 2015 et d'en tirer les conclusions.


12/11/2015
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Lieux mythiques #4 : la carrière de Strée

           Depuis plusieurs jours et comme chaque année à pareille époque, le microcosme du rallye belge est en pleine ébullition. Chaque fanatique décompte les jours le séparant encore du Rallye du Condroz. Le traditionnel rendez-vous de début novembre à Huy et dans ses environs est devenu absolument immanquable. L'édition 2015 ne devrait pas déroger à la règle puisque l'on annonce encore une fois une affiche 5 étoiles. Plusieurs pointures sont déjà confirmées parmi lesquelles Yves Matton (DS3 WRC), Kris Princen (208 R5), Dominique Jullien (Impreza WRC S14), Vincent Verschueren (DS3 R5), Benoit Allart (Fabia WRC), Stéphane Lhonnay (Fabia WRC), Patrick Snijers (GT86), Stéphane Lefebvre (DS3 R5), Bertrand Grooten (C4 WRC), Cédric Cherain (DS3 WRC) et bien d'autres dont quelques candidats aux premières places.

           Vous êtes certainement vous aussi impatients de voir tout ce beau monde en découdre. Surtout sur ce parcours sublime et piégeux à souhait, sublimé par les conditions automnales habituelles, qui contribue bien plus encore que le plateau au succès de l'épreuve. Et tout ça avec tout ce que le rallye belge a à offrir de meilleur aux spectateurs: une ambiance conviviale hors du commun et le sempiternel pain-saucisse !

           Il ne nous reste plus qu'à espérer que les débordements que nous avons parfois connus ces dernières années ne se reproduisent pas cette fois-ci. Pour cela, il faudra compter sur les efforts de chacun. En particulier des spectateurs. A bon entendeur...

 

           Mais revenons-en au parcours de ce Condroz. Si celui-ci est si apprécié des spectateurs, c'est aussi parce qu'il est incarné par quelques endroits absolument hors du commun qui attirent tels des aimants la majorité du public à eux seuls. On peut bien sur évoquer la fameuse "Cabane" à Ben-Ahin, qui sera une fois encore le théâtre du shakedown d'avant-rallye le vendredi 6 novembre prochain. Il y aussi le fameux jump de Villers-le-Bouillet, bien qu'il ne soit plus aussi couru depuis l'accident mortel qui s'y est produit en 2003. Mais il y a surtout le passage dans l'ancienne carrière de Strée.

           Le passage à cet endroit est au moins aussi vieux que le Rallye du Condroz lui-même. Lors de la première édition, en 1974, il était déjà au programme et à partir des années 1980 il est devenu un des points de rendez-vous les plus prisés de l'épreuve. Si il doit en partie son succès à sa remarquable accessibilité (il avoisine le croisement entre deux routes nationales importantes), l'endroit séduit surtout par sa singularité. Quel sens a encore cette route qui serpente de façon irrégulière dans les campagnes qui bordent le village de Strée ? Depuis l'abandon des carrières, cette route ne mène à proprement parler nulle part. Elle se termine même en un chemin de terre complètement défoncé.

           Il n'y a vraiment que les fanas de rallye pour lui trouver encore une raison d'être. Et pas des moindres. Car chaque année ils sont plusieurs milliers à se masser le long de ces quelques centaines de mètres d'asphalte usé (mais qui résiste toujours assez bien, notez !) recouvertes d'une épaisse couche de boue. Et bien souvent, plus épaisse est la couche, plus mémorable est le spectacle !

 

           Le palmarès de l'endroit parle de lui-même. Il compte à son tableau de chasse quelques victimes de renom. En particulier si l'on remonte à l'édition 1992 au cours de laquelle la carrière de Strée fut le théâtre d'un véritable massacre. Tout débuta par le passage de la voiture 0. Pas n'importe laquelle puisqu'il s'agissait d'un Nissan Sunny aux mains pourtant expertes de Bernard Dethier. Mais dans le petite virage à droite dans lequel était à l'époque placé le Flying Finish, un contact trop prononcé avec le talus à l'extérieur mettait la voiture sur le toit. Quelques minutes plus tard, une Sierra Cosworth 4x4 Groupe N est victime de la même mésaventure (en plus "solide") exactement au même endroit. Il s'agit de Jean-Marie Milissen. Puis peu de temps après, avec la même voiture dans sa version Groupe A, c'était au tour de Paul Lietaer de s'envoyer en tonneaux. Et pour ponctuer le tout, ce fut enfin au jeune Yves Matton, toujours en Sierra, de reproduire une quatrième fois cette figure de style. Finalement, le tête à queue de De Mévius lors de la même boucle est presque passé inaperçu... Mythique !

 

           En 1994, la carrière de Strée renoua avec son statut de tueuse de Sierra Cosworth. De la même façon que ses collègues deux ans plus tôt, Jean-Pierre Vandewauwer se vit projeté sur le toit dans ce fameux léger droite.

           Par la suite, les pilotes furent moins nombreux à s'y laissé piéger. Pourtant, plus près de nous, ce n'est ni plus ni moins que Thierry Neuville qui y laissa des plumes. En 2010, une glissade trop généreuse lors de la boucle de nuit se solda par un tête à queue dans un abreuvoir, des dégâts au radiateur de la Peugeot 207 S2000 aux couleurs du RACB, et de précieuses secondes de perdues. Cette année-là, lors du premier passage, quelques spectateurs vigoureux s'étaient même adonnés à un bain improvisé dans un abreuvoir ! Des videos de l'exploit doivent encore pouvoir se trouver sur internet.

 

           En 2015 une fois de plus, le Rallye du Condroz viendra arpenter les tortueux méandres de ce morceau de route. La buvette sera prête pour accueillir les innombrables disciples de l'endroit, en attendant que le bruit des voitures de rallye vienne masquer celui du groupe électrogène et que les odeurs d'essence spéciale remplacent celles de la casserole fumante de vin chaud.

 

           Si vous voulez vous préparer à cette nouvelle édition qui approche à grands pas, voici quelques photos, et surtout une vidéo de l'édition 1992 dans laquelle vous pourrez voir les nombreuses sorties de route évoquées ci-dessus.

 

010 - Rallye du Condroz 2009 - P.Tsjoen - Strée.JPG

 

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29/10/2015
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