The Authentic Race ?
Le week-end dernier s’est déroulé le Spa Rally, deuxième manche du championnat de Belgique de la discipline. Il s’agissait de la première édition de cette nouvelle épreuve. Nouvelle épreuve ? Aux yeux de certains, pas tout à fait. Il ne s’agit évidemment pas de la première épreuve de cette envergure organisée à Spa. Jusque l’an passé, les Boucles de Spa avaient toujours lieu dans cette même ville. Une longue polémique, pas encore éteinte, a entouré fin 2014 le déménagement de ces Boucles de Spa vers Bastogne et la création d’une nouvelle épreuve tout de suite après à Spa, le tout mêlé à des enjeux politiques parfois sans lien avec le sport. Cette nouvelle épreuve a rapidement pris le surnom de « The Authentic Race », appellation que lui ont donnée ses organisateurs. Mais posons-nous la question. Le Spa Rally s’inscrit-il dans la lignée des Boucles de Spa, et puise-t-il dans l’histoire de ces Boucles son côté authentique ? Ou bien s’agit-il d’une épreuve réellement à part qui se distingue des autres par un retour à certaines valeurs essentielles ?
Nous ne reviendrons pas sur la polémique qui entoure ce changement d’épreuve à Spa. Ni d’ailleurs sur les nombreuses polémiques nées pendant la course, que ce soit au sujet des reconnaissances illicites, de l’attribution de certains temps forfaitaires, ou de la modification tardive de certains morceaux du parcours. Ni même sur la pertinence d’accepter en BRC une épreuve totalement nouvelle sans garantie sur la qualité de son organisation. Laissons cela à d’autres personnes mieux placées pour en parler.
Chez beaucoup d’équipages et de spectateurs régionaux, l’enthousiasme était de mise depuis l’annonce d’un retour du championnat « Inter » à Spa. On a d’ailleurs pu lire ou entendre qu’il s’agissait d’une première depuis la dernière édition « moderne » des Boucles de Spa en 2004. Ce qui n’est pas tout à fait vrai. C’est oublier l’Ardenne Bleue Rallye, depuis devenu East Belgian Rally, qui fut créé en 2005 et qui se déroulait dans ses premières années en grande partie dans la région spadoise. Soit. Il est quand même apparu qu’une grande partie de la communication entourant la création de ce rallye était basée sur l’histoire du rallye à Spa et sur une sorte de revival des Boucles de Spa modernes. En égratignant parfois Pierre Delettre et son équipe, mais passons aussi cette polémique. Le Spa Rally peut-il être considéré comme un retour aux « sources » du rallye à Spa, et a t-il le même esprit que celui qu’avaient les Boucles de Spa dans les années 70, 80 ou 90 ?
Le Spa Rally se déroule à la mi-mars. C’est environ un mois plus tard que la date historique des Boucles, mi-février, avec ce que cela implique, soit une probabilité plus faible de conditions météorologiques hivernales. Par contre, le Spa Rally débute le vendredi soir pour se terminer le samedi soir. Il est vrai que cela ne plait pas à tout le monde, mais cela a le mérite de nous ramener à un format aujourd’hui en désuétude mais qui était celui des Boucles et d’autres épreuves prestigieuses par le passé.
Cependant, c’est au niveau du parcours que la comparaison est la plus attendue. Et c’est à ce même niveau que les plus grosses différences apparaissent finalement. La richesse des Boucles de Spa résidait en grande partie dans son parcours typiquement ardennais et regorgeant de lieux mythiques. Le Spa Rally a su reprendre certains de ces hauts-lieux, mais pas tous. Une partie de la Clémentine, une partie de Ster incluant le jump, et Barisart – Creppe avec le cimetière de Winamplanche mais sans le gué des Artistes. Tout cela mis ensemble correspond plus au moins au quart du parcours du Spa Rally. Cela signifie que les trois quarts restant n’étaient en rien classiques du parcours légendaire des Boucles de Spa. Il est donc très difficile de prétendre que le parcours de ce Spa Rally s’inscrit dans la lignée du prestigieux parcours des Boucles. Il s’agit bien ici d’un parcours différent, bien que d’excellente qualité, et l’appellation « authentique » ne doit pas pouvoir suggérer un véritable retour à l’esprit des Boucles de l’époque.
Mais parlons quand-même de ce parcours. Il fut plébiscité par tout le monde le week-end dernier. L’organisateur, qui a du mettre sur pied l’épreuve en quelques mois à peine, a tout de même réussi l’exploit d’avoir 8 spéciales de grande qualité à proposer. Peu d’épreuves peuvent s’en vanter. Le vendredi soir, il y avait Ster, classique des Boucles remanié, Fays, tracé récupéré de la Coupe des Sources, et la Clémentine, complétée par une partie de la spéciale des Bansions qui fut un classique du Rallye des Hautes-Fagnes. Le samedi, ce fut au tour de Creppe, de Ferrières, ancien classique du Rallye Police-Gendarmerie, d’Ouffet et de Sparmont, deux spéciales qui furent au programme des Boucles de l’Ourthe à leur grande époque puis ensuite du Criterium Michel Ledent, et enfin d’Hodbomont, spéciale qui fut utilisée par l’Ardenne Bleue Rallye et par les Legend Boucles. Aucune des spéciales n’était donc totalement nouvelle mais toutes étaient des versions plus ou moins remaniées de tracés empruntés à d’autres épreuves, disparues ou existantes. Mais au final, cela donnait un parcours extrêmement beau et relevé. Un mélange d’Ardennes et de Condroz, d’asphalte et de terre, souvent vallonné et rapide.
Finalement, la seule critique qui peut être faite au parcours concerne plutôt son découpage. Des spéciales éloignées les unes des autres et imposant aux équipages comme aux spectateurs des liaisons parfois trop longues. Les spectateurs étaient ainsi répartis aux quatre coins du parcours avec pour conséquence un gros déficit d’ambiance à Spa et dans ses environs directs. Des améliorations devront être apportées l’année prochaine à ce niveau. Et cela impliquera peut-être de prendre la décision (nécessaire ?) d’abandonner des spéciales trop excentrées. Si ces problèmes sont corrigés pour l’an prochain, nous pourrons peut-être apprécier encore plus ce parcours, qui est peut-être le plus beau de Belgique !
Mais attention, le plus beau ne veut pas pour autant dire le plus authentique. Si le Spa Rally est en mesure d’avoir un caractère authentique, terme très subjectif, il n’est pas juste de l’appeler « The Authentic Race ». Les autres épreuves doivent-elles forcément ne pas être authentiques ? Non, le Spa Rally n’est pas plus authentique les autres. Une organisation de qualité et un parcours relevé sont suffisants pour qu’une épreuve ait une identité propre, et il ne lui est alors pas nécessaire de se mettre en concurrence avec les autres, même si d’autres organisateurs de la région ont aussi la prétention d’avoir l’épreuve la plus authentique…
En explorant avec succès les routes de la vallée de l’Ourthe, les organisateurs de ce Spa Rally se sont donnés de très bonnes pistes pour l’avenir. Il ne leur reste plus qu’à oser se détacher du poids de la filiation des Boucles de Spa et ne plus être que le Spa Rally, ou tout autre nom que l'épreuve pourrait avoir à l'avenir, ce qui est sûrement tout aussi glorieux...
Enfin, il subsiste une dernière polémique liée à ce Spa Rally, qui pourrait encore faire débat dans les mois qui viennent. 9 épreuves en BRC, c’est trop ! Il est probable qu’en cours de saison, plusieurs candidats au titre jettent l’éponge par manque de budget ou manque de temps. La solution pourrait être d’avoir 2 championnats à 6 épreuves, un championnat D1 destiné aux R5 et un championnat D2 destiné aux WRC. Mais avant de mettre en place un second championnat, il faudra que le RACB parvienne à garantir le bon déroulement du premier…
30 ans déjà...
Samedi 9 Mars 1985. La deuxième journée du Circuit des Ardennes, la doyenne des épreuves belges, s’apprête à débuter. L’atmosphère est au sourire pour l’équipe RAS et ses 2 Porsche 911 SC RS aux couleurs du cigarettier Belga. Robert Droogmans est en tête, talonné par son équipier Jean-Louis Dumont. Patrick Snijers et sa Lancia 037 ne sont que troisièmes. Snijers a pourtant signé la majorité des meilleurs temps le vendredi soir, mais il a crevé dans la dernière spéciale de la soirée, celle de Gendron avec sa délicate descente en épingles sur les pavés, perdant plus d’une minute et la tête de la course. Tout ce beau monde s’élance donc de Dinant ce samedi matin à l’assaut des 30 spéciales qui figurent au programme de la journée. Très vite, Snijers montre qu'il est le plus rapide. Il avale rapidement Dumont et fond lentement sur Droogmans. Mais les deux Porschistes résistent becs et ongles, signant aussi quelques scratchs. Le trio n'est regroupé qu'en 25 secondes après la spéciale show d'Achêne, la 22e du rallye. Jean-Louis Dumont vient d'y signer le meilleur temps. Personne ne sait encore qu'il s'agit en fait du dernier meilleur temps de sa carrière. Dans la spéciale suivante, à Natoye, les trois équipages de tête s'élancent le couteau entre les dents. Mais dans un droite rapide, la Porsche de Jean-Louis sort de la route, heurte un pilône et effectue plusieurs tonneaux. Si son copilote Georges Biar en réchappe, Jean-Louis décède à l'âge de 36 ans. Naturellement, son équipier Robert Droogmans se retire ensuite de la course, laissant à Patrick Snijers une victoire sans réelle saveur.
Ce lundi, cela fera donc 30 ans que le rallye belge a perdu l'un de ses pilotes les plus sympathiques. Jean-Louis était un véritable passionné qui pendant longtemps s'est aligné sur des petites épreuves provinciales avec le même plaisir que sur des grands rallyes internationaux. Il s'était fait remarquer dès le milieu des années 1970, en réalisant des prouesses au volant d'une "petite" Opel Kadett Groupe 1. En 1978, il remportait contre toute attente les Boucles de Spa au volant de cette voiture. En 1979, il devenait pilote officiel Vauxhall, remportant un Circuit des Ardennes d'anthologie et participant au Rallye de San Remo sur une Chevette 2300 HSR. En 1980, il goutait une première fois au plaisir d'une Porsche aux couleurs Belga, ponctuant même sa saison par une victoire au Rallye du Condroz. Au début des années 1980, il décrochait aussi deux titres de champions en "National". Tout d'abord en 1982 au volant de sa Renault 5 Turbo, puis ensuite en 1983 sur une Nissan Silvia. C'est aussi avec Nissan qu'il décrochait plusieurs podiums en "Inter" durant ces mêmes années. Un palmarès exceptionnel, qui se serait sans doute encore étoffé sans ce tragique accident du 9 mars 1985.
Un an après son décès, à l’occasion du Circuit des Ardennes 1986, une stèle fut inaugurée à son honneur à Natoye, à quelques mètres du lieu de l’accident. Cette stèle est toujours présente aujourd’hui. En septembre 1990, la commune de Waremme inaugura même une rue portant son nom.
Mais surtout, 30 ans après sa disparition, la mémoire de Jean-Louis reste toujours vivace grâce au rallye qui porte son nom et qu’il avait lui-même initié de son vivant en 1984, le Criterium Jean-Louis Dumont. L'épreuve aurait pu disparaitre en 1985, mais fut heureusement sauvée par son club de supporters. En 1991, Freddy Moureau et son jeune copilote, un certain Jean-Marc Fortin, y reçurent même le trophée Jean-Louis Dumont, une récompense unique destinée aux premiers participants qui auraient remporté l'épreuve à trois reprises. Aujourd'hui, l'organisation du Criterium Jean-Louis Dumont est aux mains de l’Ecurie Hesbaye. Le rallye a lieu chaque année en septembre et constitue l'un des rendez-vous incontournables du championnat de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Et on y retrouve souvent au départ un certain Jean-Michel Dumont, le fils de Jean-Louis. Jean-Michel est très actif sur les rallyes provinciaux et parfois nationaux depuis de nombreuses années déjà. Ce dimanche 8 mars, Jean-Michel sera d'ailleurs au départ du Rallye de Hannut. Il y aura certainement à cœur de montrer qu'un Dumont peut toujours se retrouver dans les hauteurs du classement, 30 ans plus tard.
Un nouveau parcours de "Legend" pour les Boucles ?
On en aura beaucoup entendu parler ces dernières semaines. Les Boucles de Spa n’existent plus. Ou du moins, elles se déroulent désormais à Bastogne. Pour beaucoup d’entre vous, il s’agit d’un sacrilège. Et pour d’autres une opportunité de se développer sur une terre presque vierge de rallyes. Bien que connaissant son lot habituel de discussions extrasportives, l’édition 2015 des Legend Boucles fut relativement appréciée par les spectateurs présents. Avec malgré tout quelques bémols. Notamment au niveau de l’ambiance, qui n’est pas celle qu’elle était habituellement à Spa les années précédentes. Mais cela peut s’expliquer par la présence de plusieurs RT éloignés de Bastogne, éparpillant l’attention des spectateurs. Avec les années, espérons que cela puisse s’améliorer !
C’est évidemment au niveau du parcours que le changement se ressent le plus. Bien que Pierre Delettre n’ait pas encore su se défaire de deux anciens classiques des Boucles (Stoumont et Bodeux), il y a eu énormément de nouveautés au programme. Un parcours peut-être encore trop rapide par rapport à la moyenne imposée, mais qui regorge de beaux endroits. Peut-être que certains de ces endroits feront bientôt partie de la légende et seront un jour les dignes successeurs de la Clémentine, du jump de Ster ou du Gué des Artistes ?
Il y a tout d’abord la Mandarine et l’Eglantine, les deux spéciales forestières voulues pour remplacer la Clémentine. Il s’agit de deux très belles spéciales qui ont très certainement le côté « RAC » que leur annonçait l’organisateur. Mais elles n’égalent pas la Clémentine. La Clémentine était située à proximité du centre de Spa et proposait plusieurs accès faciles aux spectateurs, chaque année très nombreux à s’y rendre. Par contre, la Mandarine et l’Eglantine sont fort éloignées de Bastogne, voire isolées, et n’ont que très peu d’accès praticables disponibles pour les spectateurs. De plus, la Mandarine est une spéciale très rapide, qui ne permet pas toujours de faire suffisamment la différence étant donné la moyenne qui est à respecter. Si Eglantine a des chances de s’imposer à l’avenir, quel sort les organisateurs réserveront ils à la Mandarine ?
Il y aussi les 4 spéciales classiques tracées autour de Bastogne : Foy, Bourcy, Boeur et Cobru. Celle de Foy, spéciale d’ouverture en 2015, est très belle et relativement longue. Le premier quitter droite à Noville, a attiré beaucoup de spectateurs. Il est surtout facilement accessible mais aussi fort spectaculaire, c’est sans doute un futur grand classique. Il y a également une longue partie terre en fin de spéciale, avec plusieurs carrefours spectaculaires. La aussi, des virages qui pourraient attirer de plus en plus de monde les prochaines années. Sur la spéciale de Bourcy, il y a bien sur le droite sur terre au pied des éoliennes. Déjà emprunté l’an passé, ce virage risque bien de devenir un classique lui aussi. Lui aussi est facile d’accès et le terrain offre en plus une vue dégagée sur le virage. La spéciale de Boeur n’a par contre pas encore beaucoup fait parler d’elle. Sa place dans le timing de cette année ne la servait pas, la catégorie Legend n’y passant que de nuit. Mais près de Rachamps se trouve une belle portion terre qui pourrait bien faire parler d’elle dans les années à venir, surtout l’arrière droite pour y entrer. Enfin, il y a la spéciale de Cobru, elle aussi déjà utilisée en 2014. Il y a dans cette spéciale une belle portion sur terre très technique située près de Monaville qui a également de quoi plaire. Et l’avantage de cette spéciale est d’être plus lente, notamment grâce à cette terre, et de permettre aux pilotes plus rapides de faire la différence.
Ce ne sont ici que quelques uns des endroits qui pourraient devenir dans quelques années des grands classiques des Boucles. D’autant que Pierre Delettre a déjà annoncé avoir de nombreux tracés qu’il souhaite ajouter les prochaines années. Mais peut-être avez-vous d’autres coups de cœur sur ce nouveau parcours ? Que pensez-vous de la Mandarine et de l’Eglantine ? A moins que vous soyez toujours trop attachés à la région de Spa … ?
Le premier quitter droite de la spéciale de Foy, spectaculaire et surtout facilement accessible.
L’entrée terre de Boeur, un endroit à revoir l’an prochain.
A Cobru, une belle portion terre très technique où les meilleurs peuvent faire la différence.
Markku Alén a une revanche à prendre sur la Belgique !
Markku Alén constituera sans aucun doute l’une des principales attractions lors des Legend Boucles qui auront lieu ce samedi 21 février à Bastogne. Il y prendra part au volant d’une Fiat 131 Abarth et sera copiloté par le Denis Giraudet, ancien copilote de Didier Auriol notamment. Cette participation à un rallye belge est loin d’être une première pour le grand Markku. Vous vous souvenez sans doute de ses participations aux Legend Boucles, de Spa, en 2008 et 2009. Mais vous vous souvenez probablement moins de ses précédentes apparitions en course sur le sol belge.
Sa première fois sur les spéciales belges date déjà de 1976. Et c’était déjà au volant d’une Fiat 131 Abarth. A l’époque, Fiat avait engagé 2 voitures officielles au Tulpenrallye, pour le Finlandais et pour l’Italien Maurizio Verini. Le Tulpenrallye, c’était la manche néerlandaise du championnat d’Europe à l’époque. Un rallye – marathon qui se déroulait sur plusieurs jours et plus de 3.000 kilomètres au total. L’épreuve débutait à Rotterdam. Le tracé se dirigeait ensuite vers le Sud, pour traverser la Belgique, avec notamment un passage par Spa et sa célèbre Clémentine, et rejoindre le Luxembourg. Après une pause à Colmar-Berg, les équipages reprenaient ensuite la direction de Rotterdam. Pour Fiat, cette épreuve est surtout l’occasion de poursuivre le développement de la 131 Abarth, sa prochaine arme pour le championnat du monde. La voiture n’est d’ailleurs pas encore tout à fait au point pour ce Tulpenrallye. Très vite, les deux 131 présentes doivent baisser pavillon face à l’Opel Kadett GT/E du Suédois Lars Carlsson, un habitué des épreuves belges et néerlandaises, et la Ford Escort de Gilbert Stapelaere. Finalement, Stapelaere perd le contact suite à une sortie de route et ne termine que troisième. Carlsson l'emporte donc finalement, devant Verini. Markku Alén termine au quatrième rang.
Mais pas loin de 20 ans, et 19 victoires en championnat du monde, plus tard, Markku Alén revient sur les routes belges. Au milieu des années 90, Toyota a pris la bonne habitude d’aligner sur les 3 grandes épreuves belges (Spa, Ypres et Condroz), une voiture supplémentaire aux mains d’un pilote d’envergure internationale. Tout cela avec l’appui financier des cigarettiers. En 1994, cela leur a permis de remporter les Boucles de Spa avec François Chatriot et le Rallye du Condroz avec Andrea Aghini, avec le soutien de Belga. En 1995, Markku Alén est invité à prendre part aux Boucles de Spa, cette fois sous les couleurs de Marlboro. Celui qui est alors presqu’à considérer comme jeune retraité prend d’abord le commandement de la course le vendredi soir. Mais en fin de soirée, il part malheureusement en tonneaux à Ster. 3 minutes sont perdues dans la mésaventure, suffisantes pour laisser un boulevard à Patrick Snijers qui s’impose facilement au volant de son Escort Cosworth. Markku ne termine que deuxième.
Ensuite à Ypres, c’est Kankkunen qui est appelé. Un flop puisqu’il sort de la route dès le premier chrono ! Verreydt sauve l’honneur de Toyota en s’imposant. Et pour le Condroz, Markku Alén est de retour. Il troque la Celica ST185 pour une ST205. Mais de nouveau, c’est Verreydt qui s’impose sur l’autre voiture du team au terme d’un duel serré avec Snijers. Alén ne termine finalement que quatrième, perdant de très peu son duel pour le podium face à Grégoire De Mévius.
La suite de l’histoire, vous la connaissez peut-être déjà. C’est dans le cadre des Legend Boucles (de Spa) que l’on revoit Alén chez nous ensuite. En 2008 tout d’abord, il partage l’habitacle d’une Porsche avec le journaliste Paul Fraikin. Malheureusement, il s’agit d’une monture plutôt conçue pour les courses sur circuit. L’abandon interviendra rapidement, sans que l’équipage ait pu se mettre en évidence. Mais ce n’est que partie remise, puisqu’en 2009 Markku Alén revient à Spa, avec une Porsche plus performante et Stéphane Prévot à sa droite. Les temps sont au rendez-vous et l’équipage se bagarre en tête avec l’autre Porsche de Snijers. Mais la nuit tombée, Snijers sort un chrono d’anthologie sur le verglas de la spéciale de Ster. Une spéciale qui ne réussit visiblement pas au Finlandais car au même moment, celui-ci voyait la mécanique de sa 911 faiblir et décidait ensuite d’en rester là.
Markku Alén a donc une revanche à prendre sur les rallyes belges. Il tentera de saisir la chance qui lui est offerte ce week-end. La Fiat 131 Abarth n’est peut-être pas la monture idéale face aux nombreuses Escort et autres Porsche, surtout aux mains des Duval, McRae, Duez ou Snijers. Mais qui sait ce dont est capable le Finlandais volant… Et il sera en plus accompagné d'un copilote qui a déjà gagné les Boucles. Giraudet s'était en effet imposé en 1994 avec François Chatriot. Verdict samedi en fin de soirée sur la Place McAuliffe à Bastogne !
Rally van Haspengouw 2011
Le 28 février prochain aura lieu le Rally van Haspengouw, à Landen. Depuis 2010, le Rally van Haspengouw occupe une place particulière dans le calendrier du championnat de Belgique des rallyes, la première place, celle de manche d'ouverture. Cela implique évidemment d'être la "première" pour tout un tas de choses. Par exemple, cette année, ce sera la première manche sur laquelle nous expérimenterons les nouvelles règles en matière d'attribution des numéros (si vous ne les avez pas encore assimilées, rassurez-vous, vous n'êtes pas seuls dans ce cas). Souvent, c'est aussi la première occasion de voir certains pilotes à l'œuvre au volant de leur nouvelle monture. Cette année, Cédric Cherain y étrennera une DS3 R5 pour la première fois, alors que Chris Van Woensel y fera sa première apparition en Lancer WRC 05. Sans oublier la première de Kris Princen, enfant du pays, au volant de la 208 R5.
En 2011, le Rally van Haspengouw eut le privilège d'une première plutôt mémorable. La première d'une Citroën C4 WRC en Belgique. Et pas simplement une C4, mais deux ! La première était bien évidemment pilotée par Pieter Tsjoen, comme toujours disposant d'un matériel de premier plan. La seconde, plus surprenant, était aux mains d'Alexandre Romain. Celui qui sortait de deux bonnes saisons en Mitsubishi s'attaquait directement à un défi beaucoup plus ardu.
5 spéciales différentes sont au programme : Neerlanden, Halle Booienhoven, Zepperen, Lincent et Walshoutem. Evidemment, Pieter Tsjoen fut directement à l'aise avec sa monture. Après 2 spéciales, il avait déjà 30 secondes d'avance sur Romain. Et ne parlons pas des autres WRC du regretté Bert De Jong (Lancer 05) et de Melissa Debackere (Impreza S12), encore plus à la traine. Quant au néerlandais Bernhard Ten Brinke, il amuse les spectateurs par son style de pilotage généreux mais doit encore apprendre à manier la Fabia S2000 qu'il découvre à Landen. Il n'aura en tout cas pas fallu attendre longtemps avant d'en avoir la confirmation : la Citroën C4 WRC est la meilleure voiture de rallye du moment. Pour la devancer, il faut un pilote capable d'un exploit. C'est le cas du local Jonas Langenakens, qui réalise le meilleur temps dans la troisième spéciale à Zepperen. Une prouesse avec une simple Groupe N. Son choix de monter des pneus neige pour cette spéciale disputée en grande partie sur terre s'est avéré payant. Mais en tête, rien n'arrête Pieter Tsjoen qui aligne les meilleurs temps et creuse inlassablement l'écart sur Romain. Dans des conditions pluvieuses, Romain peine à prendre la pleine mesure de sa machine et se fait même une frayeur monumentale à Walshoutem où il part en toupie à haute vitesse. Miraculeusement, cette pirouette se termine presque sans mal, mais elle profite à Jonas Langenakens qui s'empare de la seconde place pour ne plus la lâcher ensuite.
Tsjoen gagne haut la main et Romain termine troisième, une entrée en matière réussie pour la C4 WRC sur le sol belge. Le reste de la saison continuera dans cette lignée. Romain s'impose au Sezoens Rally, sa seule victoire jusqu'ici, et Tsjoen gagne à Tielt, Jambes, Roulers et Saint-Vith, avant de décrocher un nouveau titre de champion.
L'édition 2014 de l'Haspengouw sacrera-t-elle aussi une première ? Cherain, Van Woensel et Princen aimeraient certainement que ce soit le cas, mais avant cela, ils devront vaincre l'ogre Freddy Loix et son habituelle Skoda Fabia S2000.
Ici, un lien vers des résultats très complets de l'Haspengouw 2011
La vidéo de la sortie d'Alexandre Romain à Walshoutem
Le site officiel du rallye, avec toutes les informations sur l'édition 2015
Rallye du Condroz 1976
Il a récemment fêté ses 40 ans d’existence. Le Rallye du Condroz est donc plus jeune que d’autres épreuves comme les Boucles de Spa (ou de Bastogne…), l’Omloop van Vlaanderen, ou encore le Rallye des Ardennes. Et pourtant, on a parfois l’impression qu’il a toujours fait partie du paysage rallystique belge. C’est que le Rallye du Condroz, né en 1974, a connu une très rapide ascension dès les années 70.
En 1976, pour sa troisième édition, l’épreuve figure déjà au calendrier national (mais pas encore international) et accueille plusieurs pointures de nos rallyes à l’époque. Parmi celles-ci, il y a Jean-Marie Cols, le père de Larry, alias Didi, qui dispose d’une superbe Fiat 131 Abarth officielle. Il est le grand favori, au même titre que Flory Roothaert sur son Opel Kadett aux couleurs de BP. Heureusement pour eux, ils échappent à la présence de Gilbert Stapelaere, omniprésent et presqu’imbattable à cette époque.
Au niveau du parcours aussi, l’épreuve passe à une étape supérieure. Les étapes spéciales constituent désormais le plat principal. L'épreuve s'étale déjà sur 2 jours. Le samedi, 3 boucles sont tracées autour de Tohogne. Les deux précédentes éditions, en grande partie disputées en parcours secret et sur route ouverte, s'étaient déjà largement aventurées dans cette zone. Tout comme le Circuit des Trois Provinces quelques années auparavant. Une spéciale, très rapide, est disputée à Tohogne et est à parcourir deux fois sur la journée. Malheureusement cette journée du 13 novembre portera malheur. Lors du premier passage, pluvieux, dans cette spéciale de Tohogne, la Toyota des frères Lecomte, deux jeunes Hutois, sort de la route dans un arbre. Philippe, le pilote, décédera à l’hôpital. Au classement, c'est déjà Didi qui prend les devants après avoir du laisser le premier scratch à Roothaert.
La seconde journée se déroule cette fois dans les environs directs de Huy. 4 spéciales sont à parcourir 4 fois sur la journée. Il s'agit de Ben-Ahin, Marchin, Strée et Ombret. Des noms qui sont depuis devenus synonymes de légende et que tous les fanas de rallye arpentent encore chaque année au début du mois de novembre. Certains endroits deviennent déjà des hauts lieux, comme la fameuse bosse du bois d'Ombret, qui sera abandonnée dans les années 80. Au niveau du classement, cela n'évolue pas pour les places du podium. En tête samedi soir, Didi creuse lentement son avance et s'impose finalement devant Roothaert et Chavan (encore un pseudonyme) qui gagne le groupe 3 sur Porsche.
Cette troisième édition fut un succès et contribua à la renommée de plus en plus grande du Rallye du Condroz.
Pour un classement plus complet...