Rallye Belgique

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Les nouveaux mousquetaires

           Rappelez-vous, il y a quelques semaines nous évoquions les principaux candidats au titre de champion de Belgique pour cette saison 2016. Du moins ceux qui avaient alors déjà présenté leurs intentions. Et maintenant que la manche d'ouverture du calendrier, le Rally van Haspengouw, est derrière nous, le moment est naturellement venu de tirer les premières conclusions.

           Nous laisserons de côté toute discussion sur le déroulement parfois chaotique de l'épreuve la week-end dernier. Nous éviterons donc de nous prononcer sur l'annulation de la cinquième spéciale, à Halle-Booienhoven. Une annulation controversée qui a engendré un lourd retard dans l'horaire d'un rallye qui s'est finalement terminé avec une demi-heure de décalage par rapport au timing prévu.

           Nous ne nous attarderons pas non plus sur la sortie de route de Philippe Stéveny dans la première spéciale, ni sur celle de Jourdan Serderidis dans le chrono suivant. Soyons honnêtes, aucun de ces deux pilotes n'est à classer parmi les vrais favoris pour le titre et ces deux sorties de route lourdes de conséquence ne font que renforcer un peu plus cet état de fait. Tom Van Rompuy n'est aussi qu'un outsider et son abandon au volant de la fragile Citroën DS3 R5 qu'il a rachetée à Vincent Verschueren et à l'équipe Godrive Racing n'est finalement qu'un fait de course secondaire. Guino Kenis, qui n'est pas non plus un candidat légitime au titre avec sa Mini WRC/RRC, a pour sa part eu le mérite de signer un top 6 parmi un plateau très relevé. Il est largement devancé par le Batave Bob de Jong au volant de la seule des quatre DS3 R5 à avoir vu l'arrivée. De Jong ne s'est pas mêlé à la lutte pour la victoire mais peut se féliciter d'avoir livré une course sans la moindre erreur. Ce qui ne sera pas suffisant pour espérer être champion ceci dit. Enfin, nous ne saurons pas analyser les chances de Guillaume Dilley et de Kevin Demaerschalk de se mettre en évidence cette année étant donné leurs absences à Landen. Mais 2016 sera surtout une saison d'apprentissage pour ces deux jeunes loups.

 

           Vous vous demandez sans doute ce qu'il reste à dire après avoir écarté tous ces pilotes de la course au titre ? Et bien il demeure essentiellement trois noms, qui reviennent dans tous les pronostics. Trois pilotes qui se sont déjà battus à plus d'une reprise pour la victoire en 2015, notamment à l'Omloop van Vlaanderen où la mécanique s'était chargée d'éliminer deux d'entre eux. Ce trio se compose de Freddy Loix, évidemment, de Kris Princen et de Vincent Verschueren. Ce week-end, le premier nommé l'a emporté avec quelques secondes d'avance à peine sur Princen. Verschueren, qui dispose pour la première fois avec la Skoda Fabia R5 d'une voiture pour vraiment jouer devant sans avoir à forcer son talent, ne doit sa quatrième place qu'à des problèmes mécaniques sans lesquels une place sur le podium lui tendait les bras.

           Ce n'est pas chose fréquente qu'autant de pilotes puissent s'aligner de façon récurrente, de saison en saison, dans des conditions leur permettant de jouer le titre. Rappelez-vous, il n'y a pas si longtemps, nous étions encore dans la période de domination de Pieter Tsjoen. Peu de rivaux valables se dressaient devant son chemin. Alexandre Romain ne l'a fait qu'une saison, en 2011. Patrick Snijers l'a fait plus souvent, mais ses chances de titre ne tenaient rarement plus longtemps que quelques mois. Snijers lui-même a aussi connu les périodes de domination dans les années 90. Après la retraite de Robert Droogmans, il s'est retrouvé esseulé en 1993 et 1994 et n'a connu qu'une saison disputée face à Grégoire De Mévius, qui l'avait d'ailleurs emporté au final, en 1996. Et globalement, ces 20 à 25 dernières années, nous avons vu des pilotes jouant le titre une saison avant de rapidement se tourner vers des programmes partiels (Bouche, Deferm, Boxoen...). Et nous avons aussi connu des dominations plus sporadiques, comme celle du sympathique Néerlandais Rocco Theunissen dont la tragique disparition a aussi beaucoup nui au rallye belge. Nul doute que les "années Tsjoen" n'auraient pas eu le même visage si Theunissen avait été là.

 

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           En fait, la bagarre à laquelle se livrent ces trois hommes depuis quelques mois nous ramène à une époque au cours de laquelle trois autres pilotes se partageaient l'essentiel des victoires en championnat de Belgique. Ces trois pilotes étaient aussi appelés les trois mousquetaires : Robert Droogmans, Marc Duez, et Patrick Snijers. Entre 1981 et 1992, ce trio à lui seul a décroché la victoire sur 79 des 100 épreuves ayant compté pour notre championnat "Inter" au cours de ces années-là. Un pourcentage exceptionnel pour une si longue période ! Freddy, Kris et Vincent n'ont pas encore la longévité qu'ont eu Patrick, Marc et Robert. Ils ne l'auront sans doute jamais. Il ne faut pas oublier que ces trois hommes ont déjà une belle carrière derrière eux et donc l'âge qui va avec... Loix a tout de même roulé en championnat du monde pendant plusieurs saisons et Kris Princen fut déjà champion de Belgique en 1999. Il est fort probable que leurs affrontements ne s'étendent pas sur 12 saisons. Mais peu importe le temps que cela durera, savourons la santé sportive de notre championnat. Ces trois pilotes sont d'une certaine façon les nouveaux mousquetaires. Ils ne laisseront sans doute cette année que des miettes à leurs adversaires. Cédric Cherain et Chris Van Woensel reprenant tout à tour les rôles de quatrième mousquetaire qu'ont eu Guy Colsoul ou Marc Soulet à d'autres époques. Qui sait, peut-être que les casquettes Skoda et les vestes Kaspers nous rappelleront bientôt nos souvenirs d'autres accessoires aux couleurs de Bastos, Belga ou Fina. Nous ne compterons en tout cas pas sur la décoration actuelle de la Skoda de Verschueren pour suggérer des idées de look vestimentaire...

 

           Loix, Princen et Verschueren s'installent donc comme des candidats réguliers au titre national. Dans un contexte économique instable et avec une fédération nationale aux décisions parfois dénuées de sens, tout cela pourrait facilement vaciller si l'un ou l'autre de ces cadors venait à perdre un sponsor ou à simplement perdre l'envie. Et on sait aussi à quel point la fiabilité des machines, ou plutôt leur manque de fiabilité, peut avoir une influence considérable sur la tournure des événements. Princen et Verschueren l'ont appris à plus d'une reprise l'an dernier. Il faut croiser les doigts pour que cela dure aussi longtemps que possible. Espérons également que les belles bagarres que se livrent nos trois mousquetaires ne soient pas entachées par un drame malheureux. Car nous ne sommes plus à l'époque des propulsions que la plupart des spectateurs aimaient voir passer dans des carrefours lents où le spectacle était le plus visible. Les voitures modernes sont surtout spectaculaires dans les virages rapides où de plus en plus de fans s'amassent. Mais la logique veut bien évidemment que dans un virage rapide la moindre sortie route ait des conséquences beaucoup plus importantes. On l'a encore vu dans la terre de la spéciale de Heers, l'irresponsabilité d'une partie du public n'est pas le privilège exclusif du Rallye du Condroz, loin de là. S'il vous plait, faites attention, un écart de trajectoire est vite arrivé !

 

Verschueren3.JPG

 

           Nous verrons si le reste de la saison confirme tous les espoirs placés dans ces trois favoris. Les premiers éléments de réponse nous serons donnés dans deux semaines, à l'occasion du Spa Rally. Sur un parcours sans doute moins insipide qu'à Landen mais avec une organisation que l'on espère meilleure que l'an passé.



06/03/2016
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