Rallye Belgique

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Le Condroz fait recette

           Ce week-end s'est clôturé le championnat de Belgique des rallyes 2015 avec le traditionnel Rallye du Condroz. Si le titre était joué depuis longtemps et déjà dans l'escarcelle de Freddy Loix, quelques décisions devaient encore tomber. Tout d'abord pour le titre de vice-champion, qui fut finalement décroché par Guillaume Dilley. Egalement dans les classements par classes, comme en Historic où c'est finalement Pieter-Jan Maeyaert qui décroche la timbale avec seulement quatre résultats sur ... les quatre dernières manches !

 

            De l'avis de beaucoup, ce fut une très belle édition de la classique hutoise. Sans doute meilleure et plus spectaculaire que la précédente. C'est donc aussi l'occasion de se demander ce qui fait qu'un Condroz peut être mieux qu'un autre. Quels sont les ingrédients qui composent la recette d'un bon Rallye du Condroz, et quels sont donc ceux qui expliquent la réussite de l'édition 2015 ?

 

           Tout d'abord, pour avoir un bon Condroz, il faut que la météo soit de la partie. Et si vous pensez qu'il faut pour cela que le soleil soit au rendez-vous, je vous arrête directement. Surtout pas de Condroz trop ensoleillé ! Outre le fait que la présence visible de l'astre lumineux dans le ciel attire plus facilement une foule parfois néophyte au bord des spéciales, elle s'accompagne aussi le plus souvent d'une diminution drastique de la dose de spectacle proposée. Pour un bon Condroz, il faut un minimum de pluie, si possible pas trop quand-même, et un ciel suffisamment nuageux que pour éviter que les routes ne sèchent trop rapidement. Ces conditions furent partiellement réunies cette année. Disons que la pluie tombée en quantité vendredi soir a permis d'avoir des spéciales suffisamment humides le samedi, et que le soleil ne s'est pas montré trop présent le reste du week-end. Le tout avec des températures plutôt douces pour la saison. Que demander de plus ?

 

           Ensuite, il faut pouvoir compter sur un timing de qualité. C'est à dire un agencement des spéciales permettant de voir un maximum de (beaux) passages avec un minimum de liaisons inutiles. Cette année, ce fut particulièrement agréable de pouvoir profiter du spectacle sans avoir à traverser la Meuse trop souvent. Car au Condroz, traverser la Meuse prend parfois du temps, même en voiture... Alors remercions les organisateurs pour le découpage du week-end dernier.

 

           Autre ingrédient, et pas des moindres, le parcours ! Celui de cette édition 2015 était très beau et très varié. Un mélange de classiques inévitables et de nouveautés intéressantes comme le retour de la spéciale d'Anthisnes. Des spéciales plus courtes et d'autres plus longues, avec le juge de paix de Marchin - Goesnes en point d'orgue. Nous regretterons juste la présence de portions de terre fort cassantes dans cette même spéciale de Marchin, ainsi que la spéciale de Forseilles new look qui n'est pas forcément très intéressante pour les spectateurs et sans doute pas beaucoup plus pour les pilotes.

           Mais ce qui compte le plus dans le parcours, du moins dans celui du Rallye du Condroz, ce sont ses pièges ! Ce sont eux qui font le spectacle, et ce sont aussi eux qui font la course, en éliminant quelques pilotes au gré de celle-ci ou la relançant par des rebondissements inattendus. Il y a 3 grands types de pièges. Tout d'abord, ceux que tout le monde attend le plus et qui finalement déçoivent les spectateurs qui s'y sont amassés dans l'espoir de sensations fortes. Prenons comme exemples la descente de Tavier dans la spéciale d'Anthisnes, ou le passage au bassin d'orage dans celle de Bodegnée. Les pilotes sont souvent bien au fait des risques qu'ils encourent si ils passent ces virages avec trop d'ardeur, et y sont dès lors très prudents.

 

           Il y a ensuite le deuxième groupe des pièges, les intemporels. Ces pièges dont on ne se lassera jamais. Ceux que tous les pilotes connaissent mais contre lesquels ils ne savent parfois rien faire. C'est le cas de l'ancienne carrière de Strée. Cette année encore, ils furent nombreux à s'y laisser surprendre. Le plus malheureux fut sans doute Steve Fernandes qui resta arrêté là plusieurs minutes. Citons aussi le jump de Villers-le-Bouillet, toujours très compliqué à négocier et où Steven Dolfen a brusquement terminé son week-end.

           Enfin, il y a une troisième catégorie, celle des pièges inattendus. Tout le défi d'un Condroz, pour les pilotes comme pour les spectateurs, c'est de savoir prévoir ces pièges. Le virage à droite après le cimetière de Moha, où Cédric Cherain s'est fait piégé samedi, entre dans cette famille d'endroits. Il en va de même pour la descente étroite située quelques centaines de mètres plus loin. Perrard, De Ridder et Van Rompuy y ont tous les trois terminé leur course de façon anticipée. Pourtant, cet endroit est un classique du Condroz depuis de longues années et n'a jamais été considéré comme un point très spectaculaire. Il faut croire qu'il y a des week-ends comme ça...

 

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           Nous continuons notre recette et passons maintenant à l'ingrédient suivant, lui aussi particulièrement important, l'ambiance ! Le Condroz est sans doute la référence du genre. Cela passe notamment par le traditionnel pain-saucisse. Inévitable, il se marie particulièrement bien avec les conditions automnales de l'épreuve. Et le Rallye du Condroz, c'est aussi l'occasion de voir du monde et de retrouver des connaissances du milieu que l'on ne rencontre que quelques fois sur l'année. Et puis il y a Huy, la cité mosane hôte de l'épreuve, qui, bien aidée par ses chaleureux habitants, contribue d'elle-même à l'engouement exceptionnel que nous avons tous pour le Condroz. Malheureusement, il y a aussi des points négatifs à cette ambiance si chaude. Certains spectateurs, novices ou non, se laissent aller à des excès dangereux. Il faut dire que le Condroz est sans doute le rallye le plus populaire de Belgique, et que ces dizaines de milliers de suiveurs ne sont pas toujours bien canalisés par l'organisation qui est parfois victime de son succès...

 

           Enfin vient le dernier ingrédient, celui sans lequel bien évidemment le rallye ne serait pas ce qu'il est, les pilotes ! Au Condroz, la qualité comme la quantité sont généralement au rendez-vous. Ce fut encore le cas cette année. Il ne nous est pas possible de passer en revue les performances de chacun des équipages présents, mais citons quand-même quelques pilotes dont les prouesses ne sont pas passées inaperçues le week-end dernier. Il y a tout d'abord Stéphane Lefebvre, le protégé de Citroën, le futur très grand (nous lui souhaitons en tout cas). Il termine deuxième derrière l'intouchable Cherain, premier en R5, et avec la manière. Il nous a gratifiés de quelques passages d'extraterrestre, souvent proches de la limite voire un peu au-delà. En témoigne notamment le premier passage à Marchin-Goesnes au cours duquel le jeune Nordiste a parcouru plusieurs kilomètres avec un pneu crevé sans jamais réduire son rythme déjà effréné. Parmi les autres R5, seul Kris Princen tenait la comparaison avant de crever lui aussi.

 

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           Il y a aussi quelques jeunes pilotes qui ont confirmé leur talent ce week-end. Xavier Baugnet, quatrième, est de ceux-là. Si il avait su se mettre mieux en avant à des moments importants de sa carrière, qui sait où il en serait aujourd'hui ? Citons aussi Guillaume Dilley qui disputait sa première course en R5. Une prestation pleine d'intelligence et de maturité ponctuée par une belle 7e place et un titre de vice-champion de Belgique amplement mérité.

          Comme chaque année au Condroz, ce sont aussi les régionaux qui ont fait la course. Avec des fortunes diverses ceci dit. Pour Dominique Jullien et Stéphane Lhonnay, cela s'est terminé au fossé. Preuve qu'il devient de plus en plus difficile d'aller vite tout de suite avec une monture de premier plan. Plus de réussite pour Etienne Monfort par contre. Alors qu'il n'avait jamais piloté de voiture de ce niveau jusqu'alors, le Hutois a emmené sa Fiesta R5 à une remarquable 12e place.

           Et puis il y a les "petits" qui chaque année au Condroz signent des performances épatantes avec des tractions qui ne les avantagent pourtant pas sur un parcours comme celui-là. Nous ne saurons pas tous les citer, mais Manu Canal, Olivier Leroy ou Jean-Louis Boesmans font clairement partie de ces pilotes qui, par leur talent trop peu mis en lumière, ont aussi contribué à la réussite de ce 42e Rallye du Condroz.

 

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           Ainsi se termine le championnat de Belgique 2015. Mais la saison n'est pas encore entièrement finie pour autant. Au niveau provincial et au delà de nos frontières, quelques épreuves ne manqueront pas d'encore attirer notre attention dans les semaines à venir. Il faudra donc attendre encore un peu avant de revenir, en long et en large, sur ce championnat 2015 et d'en tirer les conclusions.



12/11/2015
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